Philip Selway, sans Radiohead et en famille

© DR

Le batteur de Radiohead, Philip Selway, s’offre un album solo aux mélancolies acoustiques troublantes.

On ne prend jamais assez les batteurs au sérieux. C’est le syndrome Ringo: le petit comique à moustache qui sort les feintes pendant les conférences de presse. Philip Selway, assis lui-même derrière les fûts de Radiohead, rigole: « Il y a du vrai là-dedans. A ma connaissance, un groupe comme Kaiser Chiefs, par exemple, est un des seuls dans lequel le batteur participe directement à l’écriture des chansons. Sinon vous ne touchez jamais beaucoup au songwriting. On vous laisse dans l’antichambre! »

Le voilà pourtant qui s’aventure dans un exercice solo inédit. Par frustration? « Non, vraiment pas », assure Selway. « En fait, j’ai toujours écrit des chansons en parallèle. Mais quand on a démarré Radiohead, je me suis concentré sur mon instrument. » Ces dernières années, le batteur chauve a cependant revu son ordre de priorité. Une série d’éléments l’y ont amené. Comme un agenda désormais plus souple pour Radiohead. Certaines expériences aussi, comme la participation à 7 Worlds Collide, projet caritatif mené par Neil Finn (Crowded House), et dans lequel Selway a pu mettre son grain de sel.

Et puis, il y a l’âge qui est là, le cap des 40 ans franchi en 2007. « C’est un peu le moment où vous faites le bilan. Avec de la chance, vous êtes à mi-parcours. Vous jetez un regard aux relations que vous avez construites, aux projets que vous avez réalisés, les ambitions que vous avez encore… Comme faire un album par exemple. Il ne fallait plus trop traîner avant que cela ne devienne inapproprié. C’était le bon moment pour moi. »

Raison et sentiments

Philip Selway ressemble assez à sa musique: aimable, discret, le verbe hésitant, prenant souvent son temps avant de répondre aux questions. Familial fait ainsi partie de ces albums qui préfèrent susurrer que hurler pour se faire entendre. Sur une trame folk, Selway chante ses mélancolies en apesanteur, quelque part entre Nick Drake et (le trop méconnu) Merz. Il est frappant de constater par exemple à quel point la batterie est ici effacée. « J’ai même pensé un moment m’en passer complètement. Il me semblait que cela correspondait mieux à ce que j’avais en tête. Et puis quitte à faire quelque chose en dehors de Radiohead, autant que cela sonne complètement différent. Dans ce cas-ci, comme les chansons reposent sur quelque chose de très délicat, sur des petits détails, je ne voulais pas les étouffer. Du coup, je ne voyais pas comment intégrer la batterie là-dedans. Finalement c’est Glenn Kotche (Wilco) qui m’a aidé à leur trouver une place, en en faisant quelque chose de très subtil. »

Selway a trouvé ainsi l’écrin qui convenait à ses confessions pudiques, états d’âme qui partent de la cellule familiale pour évoquer la vie qui passe, les occasions manquées, les relations qui se tissent et qui se défont… « C’est définitivement un disque très personnel. Mais moins dans d’éventuels détails biographiques que dans certains sentiments intimes que j’avais envie de faire passer. L’amour que vous pouvez mettre dans certaines relations, dans certaines actions, et la manière dont tout cela s’effiloche aussi parfois… C’est classique mais vous pouvez facilement vous perdre en chemin, à regarder passer devant vous la vie que vous voudriez vivre. »

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Philip Selway, Familial , distribué par Bella Union.
En concert le 21 septembre, à l’Ancienne Belgique, Bruxelles.
Le myspace de Philip Selway.

Laurent Hoebrechts

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