« Kolwezi », le minage artisanal au Katanga

© Sammy Baloji

Le photographe congolais Sammy Baloji présente sa nouvelle série intitulée Kolwezi au KVS. Elle retrace en détail la vie des mineurs artisanaux congolais dans cette région du Katanga où des sociétés chinoises sont venues exploiter les mines de cobalt et de cuivre avant de s’en aller.

L’artiste a commencé son travail sur les infrastructures minières en 2006 avec une première série, appelée Mémoire (2004 – 2006), sur la Gécamines (Générale des Carrières et des Mines), qui a eu un succès mondial. Depuis 2009, Sammy Baloji documente l’extraction minière artisanale à Kolwezi dans le Katanga en prenant des photos des mineurs dans leurs abris de fortunes et au travail. Ces images, il les met en parallèle avec des affiches chinoises qui montrent une sorte de Congo idyllique. Ce contraste entre la « vraie » vie et celle proposée par les posters, le photographe l’illustre par des photomontages où les deux images mises en perspective sont fondamentalement différentes, il faut un peu de temps pour remarquer les liens et réaliser que l’artiste les a, en quelque sorte, posées en miroir. Dans la description de la série Kolwezi, Sammy Baloji explique qu’il intègre ces affiches dans son travail « comme le prolongement utopique d’un futur né de l’exploitation artisanale, de l’exportation des minerais et du déplacement continu des populations. »

Kolwezi © Sammy Baloji

Pour comprendre le travail du photographe, il faut avant tout le contextualiser. Après les premières élections démocratiques du Congo en 2006, la demande pour le cuivre et le cobalt augmente ce qui résulte dans la ruée d’investisseurs internationaux dans le Katanga. Parmi ceux-ci, il y a les chinois qui promettent de réhabiliter les infrastructures congolaises. Suite à la crise économique de 2007, le cours du cobalt et du cuivre s’est effondré ce qui a provoqué la chute de la Gécamines. Cette faillite a fait apparaître un nouveau mode de travail: l’exploitation artisanale des mines, à savoir que les mineurs travaillent entièrement manuellement, sans aucune machine, dans d’anciens sites miniers. Les mineurs pris entre deux législations se retrouvent à habiter dans des abris de fortune construits à partir de ruine de maisons et de bâches. L’artiste essaye de montrer le regard que les mineurs congolais posent sur la présence chinoise.

Sammy Baloji a obtenu le Spiegelprijs pour son travail sur la région du Katanga, ce prix récompense les artistes qui montrent une vision nuancée de l’Afrique et l’Amérique latine. Dans son rapport, le jury a expliqué qu’il avait été impressionné par le travail du photographe au Katanga dans lequel il cherche à mettre en relation le Congo d’aujourd’hui avec les restes du passé colonial.

Aude van den Hove (stg)

L’exposition Kolwezi sera jusqu’au 8 juin au KVS à Bruxelles, elle ira ensuite à Ostende au Theater aan zee du 26 juillet au 4 aout, avant de partir pour le Congo.

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