Francofolies de Spa J3: Cali et Daniel Hélin

Francofolies: Daniel Hélin © Philippe Cornet
Philippe Cornet
Philippe Cornet Journaliste musique

Hier soir Cali et Daniel Hélin se produisaient à Spa. Découvrez les impressions de Philippe Cornet.

Cali se prend pour la grande Freddie et Brian May réunis avec ses gros riffs tuyautés par une variété de metal roboratif. Idem pour l’audience: dès les deux premiers titres, la grosse collectivité bruite le gros succès empli de gros refrains. On quitte les (gros) lieux de la scène Proximus alors que le chanteur hyperbolique de Perpignan fait monter en scène les photographes, pour mémoire, repérables à leur funeste jaquette de cycliste sans vélo.

Il y a des jours où on est content de ne pas porter l’uniforme. Ce qui est un peu le motif récurrent de Daniel Hélin, chanteur anarchisto-rebellio-bio-ironico-contestataire qu’on va chercher au nouvel endroit des Francos, l’excentré Jardin qui abrite le Dôme. Il est marrant le Hélin, se présentant d’abord pour un mini-sound check comme Marc, la doublure de l’anti-idole supposée, déjà disposé à quelques allusions salaces, autour d’une bite qui reviendra plus tard. Dans la conversation et non pas sur scène. Accompagné d’une harpiste-violoniste-claviériste, l’animal évoque un moujik dégradé, mix de poil ancestral et de ceintrages Léo Ferréesques. Le talent principal du quadra-belge-qui-habite-dans-une-roulotte-près-de-Fleurus, se trouve dans ce flot d’idées, disons, anti-capitalistes, torréfiées dans un très long fleuve de mots pas du tout tranquilles. Second degré obligatoire livré par des oukazes genre « vous saisissez l’oeuvre? », « expérience sensorielle », « j’espère que vos chakras sont ouverts ».

Le don de ses mots vinaigrés passe aussi par son attitude physique, synthèse de charmeur de verbe serpentin, de Fidel Castro francophone (en plus rablé), de danseur disco amateur et de contorsionniste linguistique. Le garçon se donne beaucoup tout en faisant constamment semblant de déminer ses propres passes, un peu à la Desproges -qu’il cite- et dont il constitue un plausible héritier, version hirsute et buveur de Leffe… Les gens se gondolent et apprécient. Beaucoup. Y compris dans les moments d’émotion. L’affaire étant quand même beaucoup plus drôle que les Frères Taloche, on attend maintenant que la RTBF, assume totalement sa mission de service public, en programmant le Hélin Super-Show au moins une fois par trimestre avec cotillons glitter et clips trotskistes. Sur ces considérations -et une splendide chanson dédiée à l’un de ses copains artistes devenu grand brulé- on part à la recherche d’une frite digne de ce nom. Alors que Daniel se demande soudainement s’il y a beaucoup de punks à chiens à Spa. Pas sûr Daniel, pas sûr.

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