Prince, toujours au sommet

A Anvers, lundi soir, Prince Rogers Nelson a fait bouillir la marmite funk comme jamais. Party time!

Ils ne doivent pas être 36 à pouvoir réaliser l’exploit: en à peine plus d’une semaine, Prince a réussi à remplir le Sportpaleis, sans brader le moins du monde ses prix (70 euros minimum). Lundi soir, l’arène anversoise était donc blindée. « Fourteen thousand! », s’exclame son Altesse quelques minutes après avoir débuté son concert. « In no time flat… Thank you! »

Il y a aujourd’hui un mystère Prince. Depuis des années, le bonhomme accumule les sorties discographiques anecdotiques, voire poussives. Loin en tout cas des albums cruciaux des années 1980. Sur scène pourtant, il continue à être d’une acuité musicale folle. Aucune revival ici: la recette a beau rester la même, le plat proposé par Prince reste une expérience complètement jouissive.

La première demi-heure fonctionne ainsi comme un rouleau compresseur funk, lancé notamment par Le Freak repris à Chic. Dans un même élan, s’enchaînent encore Uptown, Rasberry Beret et Cream. A ce moment-là, franchement, il n’y a plus grand-monde pour contester le génie du Nabot de Minneapolis, les dernières résistances sont tombées. Quoique. Le maître des lieux s’éclipse un moment, laissant ses trois choristes enfiler les roucoulades (« On dirait une chanson du Superbowl », entend-on à droite, et ce n’est pas faux: Free en mode Las Vegas, cela ressemble un peu à ça).

Soit. La parenthèse refermée, la fiesta funk peut repartir. « Dearly beloved… », glisse-t-il et le classique Let’s Go Crazy de s’en tenir à sa mission. Prince a 52 ans, mais en paraît facile 20 de moins. Vagues permanentées dans les cheveux, éternelle fine moustache italienne, talons aiguille XXL, Prince Rogers Nelson n’est ni attirant, ni ridicule: il a son propre magnétisme. Il peut miauler, grimacer, fanfaronner, cela marche. Il danse trois pas au ralenti et la température monte encore d’un cran. Il jette sa veste par terre et c’est l’hystérie.

A vrai dire, on le savait, tout ça. On était prévenu. Seulement voilà, à un moment, le concert devient une sorte de rivière sauvage, montagne russe funk-rock, qui vous retourne la tête sans que vous vous en rendiez vraiment compte. Sur Let’s Work, il s’embarque ainsi sur un solo insensé, qui mêle technique et intention, une longue tirade où Prince et sa guitare ne font plus qu’un. Après une heure et demie de concert, il dégaine Purple Rain, redonnant à la scie toute sa dimension élégiaque. « This is your song », glisse-t-il au public, qui ne l’a pas attendu pour jouer son rôle de choeur magistral. Bluffant.

Il est passé 23h15, les lumières ont déjà été en partie rallumées, mais Prince est toujours sur scène. Entre-temps, le public aura encore eu droit à Kiss, You Got The Look, Sometimes It Snows In April (!) ou encore une reprise du I Feel For You de Shaka Khan. Quelques privilégiés pourront même monter sur scène le temps de A Love Bizarre

Deux jours auparavant, Prince donnait un gig « secret » devant une audience limitée au Viage à Bruxelles. Mais lundi, le Sportpaleis pouvait presque revendiquer la même ambiance club. Pas souvent que cela arrive dans pareil endroit, on l’avouera…

L.H.

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