Final Fantasy XIII

Vulgarisateur et promoteur du RPG depuis plus d’une décade en Europe, Final Fantasy XIII fait le deuil du gameplay qui l’a vu naître. La globalisation n’a pas que du bon.

Édité et développé par Square Enix , âge 16+ , disponible sur PlayStation 3 .

Accumulant depuis 13 ans un succès colossal auprès de générations successives de gamers adolescents et de fans occidentaux convertis à la culture pop nippone gothico-romantique, Final Fantasy a perdu son âme. Cette machine à vendre des PlayStation qui avait popularisé le gameplay RPG (jeu de rôle japonais) sous nos latitudes se vide ainsi d’une partie de sa substance rôlesque pour sa 13e itération. Un nivellement par le bas, motivé par l’envie de toucher le plus grand nombre, qui se traduit également par l’effacement progressif de son identité culturelle japonaise, pourtant à la base de sa popularité.

Certains pinailleront, arguant d’un détail. Mais plaquer un doublage US dans une production à l’ADN japonais jure. Adrian Arnese, responsable marketing du lancement du jeu pour l’Europe, brandit « une question de limitation technique ne permettant pas au support de stocker une seconde B.O.  » . Sourire gêné. Personne n’y croit. Et de fait, en insistant, le représentant de Square Enix lâche que son nouveau-né est devenu un produit global. Le McDo des jeux de rôle?

Une volonté louable de s’exporter vers l’Occident qui tétanise les troupes. Influence exacte des antennes européennes de Square Enix sur la production japonaise de Final Fantasy ? Budget global? D’une platitude stupéfiante, les réponses consensuelles ( « nous sommes très excités par cette sortie » ) se succèdent comme les couloirs interminables dans Final Fantasy XIII . Les sujets liés à la longueur excessive du jeu (une vingtaine d’heures avant de démarrer l’aventure!) délient heureusement les langues, Arnese précisant que Square Enix « garde un oeil attentif à ces productions narratives dans la veine de Flower . Développer une histoire sur une heure ou deux… pourquoi pas si le format venait à se populariser ».

Vrai faux RPG

Pour l’heure, il faudra énormément de patience au joueur pour venir à bout de Final Fantasy XIII . Car outre son scénario très bien construit mais ronflant, le RPG peuplé de rebelles aux causes floues s’ampute de toutes les phases d’exploration qui faisaient le sel d’un opus comme le VII . Exit les pièces secrètes et les mondes cachés abritant des personnages optionnels. A peine ralentie par quelques mécanismes et trésors entourés d’ennemis, l’histoire SF et médiévale fantastique déploie de splendides cinématiques dont le statut de « récompense » (cf. FF VIII ) n’est plus qu’un vague souvenir.

Dépouillé de sa substance exploratoire et peuplée de personnages tristement stéréotypés, FF XIII parvient par contre à renouveler avec un talent désarmant la dynamique de ses combats.Evitables, ces combats s’intègrent avec fluidité dans les phases de (pseudo) exploration. Leur mécanique au tour par tour rayonne. Comme au foot, FF XIII propose ainsi de changer les rôles de chaque personnage de l’équipe comme l’attitude de protection, l’utilisation de magie de confusion, le déclenchement de combos, etc.

Modifiable en plein combat, ce système devra être utilisé avec doigté selon la stratégie d’attaque de l’ennemi. Ceux-ci possédant une jauge de Choc à remplir en veillant à rester en formation offensive pour ensuite passer en mode plus défensif. Un système remplaçant intelligemment le contrôle de l’action de chaque individualité. A l’image de la structure opératoire de Square Enix?

Michi-Hiro Tamaï

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