Thurston Moore, le cool incarné

Thurston Moore, ce vendredi au Cactus Festival, avec son groupe Chelsea Light Moving. © Piet Goethals
Kevin Dochain
Kevin Dochain Journaliste focusvif.be

L’ex-Sonic Youth se produisait mercredi dans l’Openluchttheater de Rivierenhof, à deux pas d’Anvers. Et passe de la folk au noise de manière totalement décomplexée. Génial.

On pouvait difficilement imaginer meilleur cadre pour savourer les envolées folk-noise de l’ex-Sonic Youth Thurston Moore. L’Openluchttheater (théâtre en plein air, ndlr), au milieu de l’immense parc de Rivierenhof, mérite bien son nom -et surtout son slogan: « niet het grootste festival ». Pas le plus gros festival d’accord, mais sans hésiter l’un des plus conviviaux et décontractés auxquels il nous ait été donné d’assister. À l’entrée, après avoir garé son vélo, on vous propose des coussins pour profiter des banquettes de l’amphithéâtre à votre aise. On vous offre des lingettes anti-moustiques et quand on vous gratte une cigarette, on s’excuse six fois avec le sourire de vous avoir dérangé.

Alors lorsque Thurston Moore monte sur scène, l’impérissable duo chemise à carreaux/Fender Jazzmaster déglinguée sur les épaules, toutes les conditions sont réunies pour un concert optimal. Accompagné de son nouveau groupe Chelsea Light Moving, Thurston entame les hostilités avec Orchard Street, superbe ballade extraite de son petit dernier Demolished Thoughts et électrifiée pour l’occasion. Beck, qui a produit l’album, n’aurait sans doute pas demandé mieux. Quand un peu plus loin, il s’attaque à Mina Loy à la guitare acoustique, il ne se prive pas pour autant de terminer le morceau dans cinq bonnes minutes de feedback. « It’s like an electric mosquito », commente-t-il alors que son ampli part de manière imprévisible.

Plus loin, le répertoire folk est petit à petit délaissé pour une poignée de morceaux sous tension. Des titres tout frais de Chelsea Light Moving (le génial Burroughs en hommage à l’écrivain dont l’ex-Sonic Youth est très proche, ou encore Frank O’Hara Hit et le démentiel Groovy & Linda), mais aussi de larges extraits de Psychic Hearts, premier disque solo de Thurston Moore, beaucoup plus proche du répertoire de Sonic Youth.

Ce qui frappe de la première à la dernière seconde du concert, c’est le cool qu’a gardé le personnage. À maintenant 54 balais, Thurston Moore a beau avoir écumé les scènes du monde entier et sorti des albums à la pelle, on a toujours l’impression d’être face à l’adolescent décomplexé fan d’explorations soniques (les autocollants « School’s out/I love chaos »), affectionnant les démarches DIY (les vinyles pressés à 113 exemplaires vendus en fin de concert), et surtout toujours terriblement humain et modeste (après une salve d’applaudissement: « Il y a des gens qui crient, là-bas… C’est quand même pas pour moi? Il faut peut-être appeler la police… »).

On a testé et approuvé Disappears (avec Steve Shelley à la batterie), Lee Ranaldo et maintenant Thurston Moore: Sonic Youth est mort, vive Sonic Youth! Il ne reste décidément plus qu’à Kim Gordon de faire ses preuves en solo, mais bonne nouvelle: elle sera bientôt près de chez nous avec son projet Body/Head

SETLIST: Orchard Street / Pretty Bad / Mina Loy / Circulation / Burroughs / Groovy & Linda / Frank O’Hara Hit / Empires of Time (Roky Erickson) / Ono Soul // See-Through Playmate / Staring Status

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