« Tintin au Congo » n’est pas raciste, conclut la Cour d’appel

© BELGA/Julien Warnand
FocusVif.be Rédaction en ligne

La bande dessinée « Tintin au Congo » ne contient pas de propos racistes et n’est pas une oeuvre « méchante », a estimé la cour d’appel de Bruxelles, confirmant le jugement de première instance rendu en 2011. La BD ne doit donc pas être privée de vente ni de diffusion.

L’association française Le Cran (Conseil Représentatif des Associations Noires) et Bienvenu Mbutu Mondondo estimaient que Tintin au Congo contient des propos racistes. Tous deux demandaient aux éditions Casterman et à la SA Moulinsart de cesser toute exploitation commerciale de la bande dessinée ou à titre subsidiaire, d’y joindre un avertissement.

Déboutés en première instance, ils avaient interjeté appel. La Cour a suivi le Tribunal de première instance et estimé qu’il n’y avait aucune volonté dans le chef d’Hergé de véhiculer des idées à caractère raciste, vexantes, humiliantes ou dégradantes à l’égard des Congolais ni d’inciter les lecteurs à la discrimination et à la haine. La Cour a par ailleurs indiqué qu’Hergé ne « pouvait avoir en 1930 le même état d’esprit que celui qui allait inspirer, un demi-siècle plus tard, la loi de 1981 (réprimant le racisme) ».

« S’il fallait suivre les appelants, pour lesquels il suffirait de prendre en considération la simple intention de publier un ouvrage, il faudrait alors interdire aujourd’hui, par exemple, la publication de certaines oeuvres de Voltaire, dont le racisme, notamment à l’égard des noirs et des juifs, était inhérent à sa pensée, ainsi que des pans entiers de la littérature, ce qui ne peut être admis, dès lors que l »écoulement du temps doit être pris en compte », souligne la cour d’appel.

Hergé n’a pas voulu vexer

La Cour explique aussi qu’Hergé n’avait pas la volonté de concevoir une BD destinée à véhiculer des idées « à caractère raciste, vexantes, humiliantes ou dégradantes à l’égard des Congolais ». « Hergé s’est borné à réaliser une oeuvre de fiction dans le seul but de divertir ses lecteurs. Il y pratique un humour candide et gentil », a noté la Cour. Hergé, qui n’a jamais été au Congo rappelle la Cour, a été inspiré par la documentation de l’époque du Musée colonial de Tervuren et n’a fait que reproduire les stéréotypes véhiculés par le milieu bourgeois et catholique de l’époque. « Il s’agit avant tout d’un témoignage de l’histoire commune de la Belgique et du Congo à une époque donnée », selon la Cour.

L’album Tintin au Congo a déclenché la polémique à plusieurs reprises en Belgique, en France et autres pays plus lointain. Certains pays ne commercialisent d’ailleurs pas l’album. Dans plusieurs états comme la Suède ou les Etats-Unis, des bibliothèques ont même retiré l’ouvrage des rayons, le jugeant raciste.

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