The Tree of Life: 2011, l’odyssée de Malick

© Capture d'écran The tree of life

Terrence Malick mesure le destin d’une famille américaine des fifties aux origines de l’univers. Et signe une symphonie étonnante où la fulgurance côtoie le pompier

Parler de film attendu à propos de The Tree of Life relève de l’euphémisme: cinquième long métrage à peine de Terrence Malick en un peu moins de 40 ans (Badlands remonte à 1973), il constitue aussi son oeuvre la plus ambitieuse à ce jour. Le réalisateur y mesure en effet le destin d’une famille américaine des années 50 aux origines de l’univers, pas moins, affichant une volonté cosmique qui, si elle était déjà présente dans ses films antérieurs, trouve ici une expression plus explicite que jamais.

Ligne du temps

Cette famille, ce sont les O’Brien, que l’on découvre alors que la mort de l’un de leurs 3 garçons les a laissés à un deuil irrémédiable. Le film adopte dans la foulée une architecture complexe, épopée remontant l’espace-temps en un trip cosmique étrange (on y reviendra), avant de se poser en son coeur, le quotidien des O’Brien avant le drame. Employé dans l’industrie aéronautique, le père (Brad Pitt, investi) entend élever ses enfants suivant un modèle rigide ne souffrant pas la moindre contestation, là où la mère (Jessica Chastain, frémissante), femme au foyer, n’est qu’amour et dévouement – en un prolongement du binôme qu’a esquissé Malick d’entrée, opposant nature et grâce.

Soit une chronique texane fragmentée et impressionniste à la fois, suivant en cela l’habitude du réalisateur, et envisagée à travers les yeux de l’aîné des garçons, Jack (Hunter McCracken, formidable), un gamin turbulent qui essuie de plein fouet l’autorité de son père. Et dont la quête de sens se déploie bientôt sur une ligne du temps allant du big bang à l’apparition de la vie sur terre, et jusqu’à l’Amérique des mégalopoles d’aujourd’hui, où l’on retrouve Jack (Sean Penn) tout à ses questionnements.

Ambition cosmique

Le regard de Terrence Malick sur le monde, et partant, son cinéma, ont toujours été imprégnés de spiritualité, voix off se distanciant de l’action et images stupéfiantes d’une nature souveraine à l’appui, comme autant d’échos sensibles d’un paradis perdu. Si le voice-over est toujours bien présent dans The Tree of Life, le réalisateur opte ici pour une traduction littérale de son ambition cosmique. Et précède sa chronique élégiaque d’une ouverture qui situe limpidement le propos dans la galaxie de 2001: A Space Odyssey (les effets visuels ont d’ailleurs été conçus avec l’aide de Douglas 2001 Trumbull). Si le film y gagne une ampleur inusitée, celle-ci se trouve bien vite rabotée sous l’effet des contours pompiers adoptés par ce trip spatio-temporel. Grandiloquence à laquelle le final offre par ailleurs un pendant new age discutable, lorsque Malick force le trait du mysticisme, soutenu à grands renforts de chants d’allégresse célébrant l’hypothétique réconciliation de la nature et de la grâce au nom de l’Amour.

Si l’impression d’ensemble est donc à la perplexité, The Tree of Life n’en dispense pas moins un trouble certain, trouvant même, dans son volet familial, les accords d’une grâce authentique venue transcender le propos en autant de fulgurances. A défaut du chef-d’oeuvre définitif annoncé, reste une fascinante symphonie, englobant l’être, et le néant.

Jean-François Pluijgers, à Cannes

The Tree of Life De Terrence Malick. Avec Brad Pitt, Jessica Chastain, Sean Penn. 2h18. Sortie : 18/05. ***

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