Critique

Balenciaga, itinéraire d’un visionnaire

Étiré de manière on ne peut plus commune, ce documentaire nous laisse pourtant apprécier la personnalité complexe du grand couturier.

BALENCIAGA, ITINÉRAIRE D’UN VISIONNAIRE, DOCUMENTAIRE D’OSKAR TEJEDOR. ***

Ce mercredi 22 février à 21h00 sur La Deux.

Un jusqu’au-boutiste. Un caractère. Incorruptible. Inébranlable. Balenciaga est de ces légendes qui se sont construites en nageant à contre-courant. Une attitude qui en a fait une star, mais qui a également mené à son retrait des affaires et à la fermeture de sa maison parisienne -il refusait que la rue, alors très bavarde, lui dicte sa ligne de conduite.

Aujourd’hui dirigée par Nicolas Ghesquière, superstar du chic qui a su lui redonner un second souffle, la marque est plus que jamais évocatrice de style, luxe et volupté.

Cette success story est contée par le réalisateur basque Oskar Tejedor, qui retrace en 52 minutes la vie et l’oeuvre de l’un de ses plus illustres compatriotes, né en 1895 à Getaria et mort 77 ans plus tard à Valence.

Cristóbal Balenciaga doit sans doute sa carrière à la marquise de Casa Torres, à qui il demanda, adolescent, de copier une de ses tenues. Le résultat fut si bluffant que la dame l’a envoyé se former auprès de couturiers à Madrid et en France.

La France qu’il finira par habiter, suite à la proclamation de la République et à l’entame de la guerre d’Espagne. Quand il s’installe à Paris, en 1937, il a déjà 20 ans de carrière en Espagne, et possède 3 maisons de couture sur la péninsule ibérique.

Tout est à refaire et pourtant, très vite, le succès est au rendez-vous -de 50, les ouvrières deviendront rapidement 500.

Si, sur la patte Balenciaga, ce documentaire est peu loquace (tout au plus apprend-on qu’il a libéré le corps de la femme grâce à un abandon progressif de tout ce qui pouvait l’entraver), sur sa personnalité en revanche, il est intarissable. Ses ouvrières et ses mannequins le racontent, ses pairs et ses héritiers aussi. Tous évoquent à son sujet le mot « perfection ». Un souci de perfection qui lui a fait fermer boutique, lorsqu’il a refusé d’investir le créneau du prêt à porter, « malhonnête », qui ne lui permettait pas de soigner comme à l’habitude le moindre détail sur chaque cliente.

Un film classique, bâti sur une enfilade de témoignages et d’archives, qui fleure bon la naphtaline, au service des belles personnes et des beaux esprits.

Myriam Leroy

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