Expédition Mapaoni – L’inaccessible frontière

A l’heure où Google Maps s’apprête à pouvoir déterminer, par satellite, de quel magasin provient la vieille tasse de thé qui sommeille dans nos armoires, certains territoires immenses continuent à alimenter les fantasmes.

A l’heure où Google Maps s’apprête à pouvoir déterminer, par satellite, de quel magasin provient la vieille tasse de thé qui sommeille dans nos armoires, certains territoires immenses continuent à alimenter les fantasmes. Les cartes se trompent, et les réalités du terrain se révèlent absolument inattendues. La jonction entre le Brésil, la Guyane française et le Surinam demeure ainsi, par l’infinie densité de la Forêt amazonienne et la couverture nuageuse des monts Tumucamaque, une sorte de point d’interrogation scientifique que seules quelques explorations, au cours des derniers siècles, ont voulu lever. Sans jamais y parvenir totalement. A son tour, le documentaire de Roland Théron nous permet d’en savoir un peu davantage sur ce coin retiré du monde, en plein poumon vert, là où les cascades foisonnent comme les araignées poilues et les nids de frelons.

François-Michel Le Tourneau est chercheur au CNRS, la plus prestigieuse institution scientifique de France. Il est géographe et historien. Et ces deux qualifications lui seront particulièrement utiles dans cette expédition harassante, marquée par les difficultés. Les pièges de la nature s’enchaînent dans ce qui fut jadis attendu comme l’Eldorado par les explorateurs du passé. Mais Le Tourneau a des ressources, et surtout cette capacité à ne rien lâcher qui caractérise les grands explorateurs. Un mois durant, en autonomie totale, son équipe va parcourir le fleuve Jari et ses affluents, emprunter les terrains marécageux, éliminer les troncs d’arbre qui jonchent les rivières, contourner les cascades, affronter les insectes. Filmé dans des conditions parfois dantesques, ce documentaire est une somme dédiée à une région laissée à elle-même. Et il se regarde comme une grande aventure, pleine d’images splendides.