Couleur Café J1: Saule, Kery James et Aloe Blacc

Philippe Cornet
Philippe Cornet Journaliste musique

On est de mauvais poil! Un email contrariant, les bouchons classiques pour arriver à CC -oui, je sais, faut prendre les transports en commun- et puis ce temps qui copie bêtement novembre. Une fine pluie de bourrin, un ciel hautement merdique et puis, cerise sur la déprime, la découverte du site.

Forcé à bouger davantage vers le fond de Tour & Taxis pour cause de travaux, le festival se tape, juste à côté, le building (à moitié) en construction de l’IBGE: son sinistre béton apparent -on dirait un squat géant- rajoute une couche de cafard à l’ambiance. Et puis au sol, « parce que les gens étaient gênés par les pierrailles », on les a remplacées par une sorte de sable qui, drache aidant, nous ramène dans la bonne vieille boue festivalière, un classique. Alors cette année, la galerie d’art des éditions précédentes a été remplacée par une seule grosse pièce centrale, titrée A Mazing Brain et conçue par l’artiste (?) français Fred Martin.

Inutile de tourner autour du pot (justement), la masse plantée au milieu du terrain, supposée être un cerveau (…), ressemble à un gros… étron. Ce qu’un anonyme anti-scato a graffité en italien. Aucun intérêt donc. Rajoutez à cela que les prix du bar ont augmenté sur l’année dernière -de 10%?- et seule notre conscience professionnelle et un inexorable fond de sympathie couleurcaféiste nous empêchent de retourner chauffer nos artères à la maison.

Ce n’est pas la prestation de Saule sur la scène Move qui va booster l’humeur. Ce garçon, que par ailleurs on aime bien, débutait il y a quelques années comme une sorte de Jonathan Richman de la chanson française, minimisant les effets inutiles via un style homéopathique plutôt sympa. Là, synchro à un troisième album plutôt pas mal ceci dit, il nous la joue « rock » avec des accompagnateurs et c’est juste un peu à côté de la plaque. La finesse des chansons se perd dans un banal binaire et des coups de hanche déplacés: triple bof! On ajoutera néanmoins que le public, frigorifié (?) semble apprécier ce coup de 220 volts qui a déjà le mérite de ne pas faire le Claude François.

Un peu avant Saule, alors que l’on écrit ces lignes avec le bourdonnement vulgaire de Kery James dans l’orbite auriculaire -no comment- on a vu Aloe Blacc sur la grande scène du Titan, scène principale de CC. Jetant l’écharpe dès le second morceau, le chanteur américain de 34 ans, impose d’emblée sa friture funk, avec un coup de genou particulièrement remarquable. Sans groove inutile, juste avec ce truc de rameuter le rythme essentiel dans une savoureuse retenue, puis de le lâcher en pâture à la foule qui se verrait bien comme lui, Blacc intégral donc.

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