Tchernobyl 4 Ever

© Crecendo Films

Diffusé successivement sur La Trois, puis sur Arte le lendemain, ce documentaire d’Alain de Halleux met le doigt, un quart de siècle plus tard, sur ce qui fait encore mal à Tchernobyl.

C’est comme ça, on célèbre si c’est gai, on commémore si c’est triste. Voici un quart de siècle, tout juste, le réacteur n°4 de la centrale ukrainienne entrait en fusion, relâchant dans l’atmosphère des particules radioactives bien décidées à s’offrir un tour du globe en moins de 80 jours. Quand l’incendie initial s’est essoufflé, les autorités soviétiques ont envoyé leurs ouvriers au casse-pipe pour ériger un sarcophage de béton autour du quatrième réacteur. Une oeuvre bancale qui, au fil des ans, s’est dangereusement effritée, au point d’en devenir carrément caduque. L’Ukraine, indépendante quelques années après l’incident, continue, symboliquement et concrètement, à déblayer les restes de cet imposant fardeau. Pour toujours?

Nouveau confinement

Alain de Halleux s’est rendu dans « la zone », espèce de quasi no man’s land d’une trentaine de kilomètres de circonférence, pour capter l’avancée d’un chantier pharaonique: le « nouveau confinement », dôme d’acier aux dimensions gullivériennes, devrait enfin protéger efficacement les environs des relents de combustible présents dans le réacteur. Des restes dont on ne connaît d’ailleurs ni la quantité, ni le degré de dangerosité.

Dans une interview passionnante réalisée pour Arte (qui diffuse ce documentaire mardi), Alain de Halleux revient sur les conditions de ce tournage, en y apportant quelques précisions liées à l’actualité… tristement nucléaire, elle aussi: généreux pourvoyeur de fonds, le Japon a désormais d’autres chats à entretenir depuis la catastrophe qui l’a frappé. Le « nouveau confinement », dont le coût et l’entretien se chiffrent en milliards d’euros, avance donc à tout petits pas, tributaire qu’il est des donations internationales: le réalisateur raconte que, quand il s’est rendu sur le chantier, les ouvriers étaient tout simplement aux abonnés absents… jusqu’au moment où le bruit s’est répandu qu’une caméra étrangère avait fait le déplacement!

« Ma main à couper qu’on ne terminera jamais cette construction », prédit ainsi Alain de Halleux. Son documentaire, ahurissant par endroits (le site s’y prête bien, on se souvient ainsi de l’exceptionnel Tchernobyl, une histoire naturelle, où l’on voyait évoluer la faune et la flore sauvages dans les environs), nous mène sur la trace d’un pays qui n’a pas encore fini de vivre au rythme de son réacteur n°4. A dans 5 ans…

Tchernobyl 4 Ever, 21.05 sur La Trois.
Documentaire d’Alain de Halleux.

Guy Verstraeten

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