Critique

Critique ciné: Snowpiercer (Le Transperceneige)

Snowpiercer (Le Transperceneige) © DR
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

SCIENCE-FICTION | Le réalisateur de The Host adapte la BD culte de Lob, Legrand et Rochette pour un film de genre efficace, tirant le meilleur parti de son décor ferroviaire.

A l’origine de Snowpiercer, le nouveau long métrage du cinéaste coréen Bong Joon Ho (Memories of Murder, The Host, Mother), on trouve la bande dessinée Le Transperceneige, fable philosophique et politique imaginée dès 1982 par Jacques Lob, Benjamin Legrand et Jean-Marc Rochette -lesquels ont d’ailleurs collaboré au design du film. L’action débute en… 2014 lorsque, à la suite du réchauffement climatique, la planète est aspergée de CW7. Avec pour effet que toute forme de vie, ou presque, s’en trouve éradiquée, la nouvelle ère glaciaire s’ouvrant alors ne laissant que de rares survivants, réunis à bord du Snowpiercer, un train gigantesque n’en finissant plus de fendre la surface de la Terre. Dix-sept ans plus tard, le monstre de métal roule d’ailleurs toujours, étrange représentation du monde où s’est reproduite jusqu’à la hiérarchie des classes: le menu fretin maintenu dans une misère crasse à l’arrière; l’élite dans les wagons de tête, inaccessibles. Moment où un homme particulièrement déterminé, Curtis (Chris Evans) entreprend de faire souffler le vent de la révolte, pour tenter de remonter vers la locomotive…

La lutte des classes revisitée

Pour son premier film en anglais, Bong Joon-Ho confirme assurément ses qualités de cinéaste de genre, signant une oeuvre d’une redoutable efficacité, tout en tirant le meilleur parti de son décor unique –Snowpiercer peut, à cet égard, soutenir la comparaison avec les classiques du « film de train », façon The Narrow Margin, de Richard Fleischer. Fort de ces atouts, et de la richesse de ses univers -chaque voiture correspond à un nouvel environnement, plus fascinants les uns que les autres-, voilà le film lancé à un train d’enfer, ou plutôt à tombeau ouvert, dont les chapitres successifs s’écrivent dans le sang -l’oeuvre est violente, assurément, mais la richesse graphique en arrondit les angles- pour revisiter la lutte des classes en mode post-apocalyptique.

Si limite il y a, elle tient toutefois à l’ambition prêtée au propos, en forme de parabole visionnaire sur l’état du monde: certes habile dans son dénouement quelque peu retors, Snowpiercer peut en effet apparaître réducteur et simpliste dans son énoncé politique, le film manquant par ailleurs de dérailler les rares fois où Bong Joon-Ho s’aventure en terrain philosophique. Mais soit, aidé par une distribution maousse -Chris Evans, qui impose un physique et une présence, mais encore John Hurt, dans un rôle barré comme il les affectionne, ou Tilda Swinton, outrée-, le réalisateur s’acquitte avec maestria d’un récit sous haute tension, multipliant les morceaux de bravoure dans un film d’action semblant pouvoir se réinventer à l’infini. Si ce n’est pas une révolution, voilà qui vient fort à propos renflouer le genre…

  • DE BONG JOON-HO. AVEC CHRIS EVANS, TILDA SWINTON, JOHN HURT. 2H06. SORTIE: 12/03.
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