Critique

À la télé ce soir: Secret State

Secret State - Gabriel Byrne © DR
Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

Une explosion dans le complexe pétrochimique américain Petroflex, à Scarrow, une petite ville britannique, endeuille le pays et fait polémique. L’avion du Premier ministre, de retour des États-Unis où il était parti négocier les indemnisations des victimes, s’écrase peu après. Et Tom Dawkins, le vice-Premier ministre, se retrouve propulsé à la tête du gouvernement britannique.

Gabriel Byrne fait partie de cette caste d’acteurs qui déçoivent rarement. Plus charismatique tu meurs, ou presque, le Dean Keaton de Usual Suspects, le Tom Reagan de Miller’s Crossing ou le Paul Weston de la série In Treatment revient ici dans un format qui commence doucement à se nationaliser. La mini-série en quatre épisodes semble en passe de devenir à la Grande-Bretagne ce que l’unique saison en dix volets est à la Flandre: une spécialité, voire une chasse gardée. De Top Boy à Inside Men en passant par What Remains, les exemples se succèdent ainsi, qui démontrent qu’on aime à raconter des histoires en quatre temps, de l’autre côté de la Manche. Les plus gourmands resteront sur leur faim. Les autres se satisferont de ces intrigues souvent charnues et bien troussées.

C’est encore le cas avec Secret State, thriller politique pas forcément subtil à tous les étages, mais qui se laisse regarder avec beaucoup de plaisir. Inutile de dire que Gabriel Byrne y est pour beaucoup. Le comédien irlandais campe un vice-Premier ministre en pleine tourmente. L’explosion particulièrement meurtrière d’un complexe pétrochimique a laissé pas mal de questions en suspens. Notamment celle de la responsabilité de Petroflex, la compagnie américaine propriétaire des installations, dont l’attitude peu coopérative irrite profondément Tom Dawkins. Lequel va voir sa vie changer quand l’avion du Premier Ministre s’abîme en mer. Monté en grade, Dawkins va tenter, avec toute l’intégrité dont il se sent capable, de dénouer les fils de ce crash pour le moins suspect. Attentat? Accident? Confronté à l’appétit vorace de quelques-uns de ses coreligionnaires, Dawkins aura fort à faire pour garder à flot la barque de son pays.

Secret State ne révolutionnera clairement pas les canons du genre. Politique et fiction se sont déjà mêlées, et de plus brillante façon. Faisant fi de tout cynisme, la série délivre par l’entremise de Gabriel Byrne des messages politiques aussi rafraîchissants que naïfs. Ce qui affaiblit quelque peu le dispositif, l’éloignant des machines de guerre réalistes que sont Boss ou House of Cards. Cela posé, la mini-série réalisée par Ed Fraiman s’appuie sur une rythmique endiablée et sur une interprétation particulièrement soignée. On notera ainsi la présence de la toujours excellente Gina McKee (en fauteuil roulant dans Notting Hill ou, plus récemment, en compagne de Mathieu Amalric dans Jimmy P.) ou de l’impeccable Stephen Dillane (Game of Thrones, Tunnel…). De quoi, en tout cas, passer une excellente soirée, puisqu’Arte a choisi de diffuser Secret State d’une traite.

Mini-série réalisée par Ed Fraiman. Avec Gabriel Byrne, Gina McKee, Douglas Hodge.

Ce jeudi 6 août à 20h50 sur Arte.

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