Critique

Snake Eyes

Lors d’un match de boxe à Atlantic City, le secrétaire d’État à la Défense est assassiné. L’inspecteur Santoro (Nicolas Cage) est chargé de mener l’enquête. Il se rend compte que trois témoins clés sont liés au meurtre.

Tout commence par un combat de boxe, à Atlantic City. Un combat, et un long plan séquence, caméra portée, comme Brian De Palma en a le secret. Une ouverture en majeur, pour un film de virtuose qu’il ne faudrait pas prendre pour un De Palma mineur. Nicolas Cage y campe Rick Santoro, un flic pas vraiment net (il est un peu ripoux sur les bords), qui voit le Secrétaire d’Etat à la Défense abattu au pied du ring, alors que lui et son collègue étaient censés avoir sécurisé les lieux. Il va falloir au policier bien des efforts pour retrouver le ou les coupables, et restaurer ce qui peut encore l’être de sa réputation… Cage est une fois de plus intense, dans un rôle qui lui convient à merveille. Derrière la caméra, un Brian De Palma formellement déchaîné se fait plaisir, et nous fait partager son excitation de filmer.

Le titre, Snake Eyes, vient d’une expression signifiant la pire combinaison possible au jeu de dés (2 fois 1). Il place le personnage incarné par Cage sous le poids d’une malchance qui prendra des proportions spectaculaires. Car il y a du film noir dans le polar d’un De Palma toujours aussi à l’aise dans le cinéma de genre. Les plus observateurs des cinéphiles remarqueront que, par-delà le déroulement de l’action, Snake Eyes multiplie les approches de la question (cruciale pour le 7e art) du regard. On y trouve de nombreux recadrages, avec des écrans dans l’écran, des visions à travers des objectifs. On y admire aussi le travail sur les différents angles de prise de vue, devenant autant de révélateurs potentiels au fil des différentes versions des mêmes événements qu’accueille le récit.

Sans doute De Palma frôle-t-il par endroits l’exercice de style. Mais Snake Eyes n’en reste pas moins une expérience cinématographique intense, un film à voir et à revoir pour y dénicher quelque trouvaille précédemment inaperçue. Avec, au final, un plan réservé au seul regard du spectateur / voyeur, auquel est destiné un indice que les protagonistes de la fiction ne voient pas… Vous avez dit « hitchcockien »?

Louis Danvers

SNAKE EYES, THRILLER DE BRIAN DE PALMA. AVEC NICOLAS CAGE, GARY SINISE, JOHN HEARD. 1998. ****

Ce mardi 20 septembre à 22h00 sur RTL TVI.

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