Cosey et Jonathan, doubles de papier

AVENTURE | Le dessinateur suisse Cosey s’offre un nouveau Jonathan, et même une autobiographie imaginaire de circonstance.

EXPO COSEY ET JONATHAN, GALERIE CHAMPAKA, JUSQU’AU 20 NOVEMBRE.
JONATHAN, TOME 15: ATSUKO DE COSEY, ÉDITIONS DU LOMBARD. ***
JONATHAN, UNE AUTOBIOGRAPHIE IMAGINAIRE EN BD DE COSEY, ÉDITIONS DU LOMBARD. ****

« J’aime cette limite floue entre l’auteur et le personnage, cette ambiguïté. Jonathan n’est pas mon moi parfait. Peut-être mon moi fantasmé. Un parmi d’autres. » Rencontrer Cosey devant des planches de Jonathan a quelque chose d’étrange. La même dégaine, le même profil, le même goût des silences et de l’aventure à la fois exotique et intérieure… Cosey revient de quelques mois en Inde, son double de papier vit sa quinzième aventure au Japon. Et les 2 connaissent ensemble une rentrée chargée: un quinzième album en commun, une imposante autobiographie imaginaire éditée en parallèle, puis 2 expos, l’une à Bruxelles chez Champaka, l’autre à Paris chez Daniel Maghen.

<« Le look, c’est presque anecdotique. A mes débuts, je dessinais devant un miroir. Le reste, ces parallèles, se sont imposés naturellement: j’ai toujours eu envie de dessiner ce que j’aimais, ce qui m’inspirait. J’avais adoréJonathan Livingstone , je lisais Young, j’aimais le Tibet… Il était logique que Jonathan ait les mêmes intérêts. » Depuis 37 ans, Cosey assume cette incarnation, et y revient à intervalles réguliers. Ce quinzième album a donc commencé comme les autres, par des voyages et des envies: « J’ai effectué 2 voyages, comme toujours pour des repérages, sans savoir où ils allaient m’amener. Au départ, j’avais envie de dessiner le Japon sous la neige, avec un ciel gris. Jonathan s’est peu à peu imposé naturellement: je ne voyais pas l’intérêt de créer un personnage pour cette histoire. Et puis je m’entends bien avec lui. Dans l’album précédent, Elle ou 10 000 lucioles, il écrit même à un dessinateur, C., qui vient de Suisse. C’est moi bien sûr. Mon personnage m’écrit. Mais je me soigne. »

Olivier Van Vaerenbergh

Hugo et Corto

Cosey revendique ce parallèle. Entre Hugo Pratt et son Corto Maltese, la relation semble identique: fusionnelle. Pratt a vécu une vie d’aventurier, Corto revivra sa vie d’aventurier. Un jumeau de papier nimbé de poésie.

Gotlib et Gai-Luron

Gai-Luron n’était à l’origine qu’un personnage secondaire, même pas antropomorphé. Mais en le faisant s’extraire d’une case, répondre au courrier des lecteurs et imposer la mise en abîme dans la BD de papa, Gotlib n’a plus fait qu’un avec le Droopy français.

Franquin et Gaston

Franquin a lui aussi dû s’inventer un double pour s’affranchir des codes de la BD. Quelqu’un pour exprimer ses envies libertaires, son goût de l’écologie, son antimilitarisme… De planche en planche, Gaston devient de plus en plus Franquin. Ou le contraire.

Tronchet et Tergal

Un moi profond, jusqu’au caleçon: Tronchet a mis dans Jean-Claude Tergal beaucoup de lui-même, à commencer par ses angoisses et ses moments de solitude. Une incarnation poussée à son comble sur les planches: Tronchet y jouait Jean-Claude. Retour à l’envoyeur.

Manu et Manu

Une des versions les plus abouties de l’incarnation en BD; même si c’est Ferri qui écrit les aventures de Larssinet dans Le Retour à la terre, c’est bien Manu Larcenet qui les dessine, voire qui les vit auparavant. Karoutcho!

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