D’Orson Welles à Xavier Dolan, parcours de (très) jeunes cinéastes

© DR

Au cinéma comme en sport, la valeur n’attend pas le nombre des années. D’Orson Welles à Xavier Dolan, toute proportion gardée, les (très) jeunes cinéastes n’ont pas cessé de se faire remarquer.

Kishan Shrikanth a réalisé c/o Footpath, son premier long métrage, en 2006. Egalement acteur au cinéma et à la télévision, ce jeune Indien adaptait une nouvelle qu’il avait lui-même écrite, et qui raconte l’histoire d’un orphelin qui veut à tout prix accéder à l’école. Détail d’importance, Kishan Shrikanth a aujourd’hui 14 ans. Il en avait donc 10 quand il signa son film. Et même 9, puisqu’il en débuta le tournage avant son anniversaire qui se situe le 6 janvier… Le Guinness Book of World Records a reconnu le petit prodige comme plus jeune cinéaste ayant jamais réalisé un film professionnel.

Si l’histoire (apparemment véridique) de celui qu’à Bollywood on appelle Master Kishan a de quoi marquer les esprits, les cas de précocité moins aiguës ne manquent pas dans l’histoire du septième art. A l’heure où parait sur nos écrans Les Amours imaginaires, deuxième long métrage du Québécois Xavier Dolan, 21 ans à peine, l’occasion est belle de rappeler quelques parcours de réalisateurs n’ayant pas attendu la maturité pour se révéler internationalement.

Celui d’Orson Welles reste emblématique et insurpassé: Citizen Kane à 25 ans, et dans l’univers impitoyable des studios hollywoodiens! Au même âge, plus modestement, Steven Soderbergh fut le plus jeune palmé d’or au Festival de Cannes (Sex, Lies and Videotape), John Singleton étant le plus jeune réalisateur nominé pour l’Oscar avec Boyz’n the Hood. Le plus précoce détenteur d’un Oscar (en tant que réalisateur), William Friedkin, étant déjà un « vieux » de 32 ans quand son French Connection l’emporta…

Tordre le… coût aux traditions

On sait qu’enfants déjà, un Steven Spielberg ou un M. Night Shyamalan faisaient des petits films en super 8. Le second nommé a même rendu public, en bonus DVD, un de ces essais tournés avec des jouets. Mais passer très jeune à la réalisation d’un vrai long métrage est autrement plus complexe que publier un roman, ou exposer des oeuvres graphiques. Le cinéma, c’est cher, très cher. Et cela implique aussi de diriger une équipe. Nulle surprise donc si des talents précoces se manifestent le plus souvent dans le cadre de budgets très modestes, comme Isild Le Besco qui, tout en faisant l’actrice, réalise des films depuis ses 22 ans (ses Bas-fonds secouèrent tout récemment le festival de Locarno).

Tout le monde ne peut pas, comme Kishan Shrikanth, voir son film produit par… sa maman, et peu de financiers du cinéma sont prêts à risquer gros sur une ou un néophyte. François Ozon se signala par ses courts métrages depuis ses 20 ans, mais dut en attendre dix de plus pour pouvoir passer au long métrage avec Sitcom. Leos Carax (Boy meets girls) réussissant à frapper dès ses 24 ans, un an de moins que… Stanley Kubrick avec le très confidentiel Fear And Desire, ce qui le place parmi les talents les plus précocement reconnus du cinéma français.

Mais nul doute que les technologies nouvelles, offrant à prix très réduits des facilités de prise de vue, de montage, de mixage, vont favoriser l’émergence de talents juvéniles. Francis Coppola, qui fit son premier film (Dementia 13) à seulement 24 ans, nous confiait voici quelques années que « le prochain Orson Welles pourrait bien être une petite fille avec un ordi bien équipé, et qui ne devra demander la permission de personne… »

Louis Danvers

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content