Van Dyke Parks réédité

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Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

POP | Bella Union réédite les trois premiers albums du génial Van Dyke Parks. Vieux pote de Brian Wilson, jadis partenaire de jeu de Phil Ochs, Grace Kelly et des Byrds.

VAN DYKE PARKS, SONG CYCLE ****, DISCOVER AMERICA ****, CLANG OF THE YANKEE REAPER **, DISTRIBUÉ PAR BELLA UNION.

Il faudra bien un jour qu’un film nous raconte l’histoire de Van Dyke Parks. Son aventure d’enfant acteur et choriste à Hollywood, ses lubies de musicien savant sur la scène de Los Angeles et évidemment son partenariat en 1967 avec un Brian Wilson décidé à révolutionner la pop music. Parks a chanté sous la direction de Toscanini et Beecham, interprété Silent Night accompagné par le violon d’Albert Einstein et joué dans le dernier film de Grace Kelly (The Swan). Il a aussi participé à des disques de Paul Revere & The Raiders, au Fifth Dimension des Byrds, arrangé des chansons pour Tim Buckley. Et pourtant. Rufus Wainwright et les Scissor Sisters ont beau faire la file pour bosser avec lui, Robin Pecknold (Fleet Foxes) et Daniel Rossen (Grizzly Bear) qui viennent de l’accompagner sur la scène du Barbican à Londres lui vouer un véritable culte, Parks est encore aujourd’hui, à 71 ans, un génie ignoré en dehors des cercles d’initiés.

Malgré leur folie, leur intelligence, leur ambition labyrinthique mêlant music-hall et psychédélisme, pas un de ses disques n’a rencontré le moindre succès. Dur dur pour l’auteur de Heroes and Villains et de Surf’s Up. Cet homme aux imageries étranges et tordues amoureux de l’écriture automatique à qui Brian Wilson avait confié la lourde tâche de décrire les paysages sonores que lui faisait découvrir le LSD.

Inspiré, Bella Union réédite aujourd’hui les trois premiers albums de monsieur Van Dyke Parks. La parenthèse Smile et Beach Boys tournée, le gringalet myope se consacre à sa propre musique et sort Song Cycle en 1968. Le natif du Mississippi y défie les conventions avec un aplomb d’esthète sous psychotropes. Sa pop givrée y batifole avec le folk, Broadway, la musique classique, le cabaret, le jazz, dans un tourbillon de sensations sonores oniriques aussi bizarres que rêveuses.

Malgré l’échec commercial, Parks s’accroche et revient quatre ans plus tard avec son deuxième album en solitaire. Déroutant mais charmeur, Discover America révèle son goût pour les Caraïbes et son immersion dans la musique de Trinidad. Là où en 1976, l’éclaté Clang of the Yankee Reaper mêle péniblement l’exotisme à l’americana et à la musique de la Nouvelle-Orléans. Depuis, Parks a travaillé avec U2, Silverchair, Saint Etienne… Participé au Ys de Joanna Newsom. Et exercé une influence majeure sur Mercury Rev et autres défenseurs d’une pop orchestrée et droguée. Quel mec!

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