Critique

Take This Waltz

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Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

COMÉDIE DRAMATIQUE | Sarah Polley revisite avec émotion la figure du triangle amoureux, dans un film où brillent Michelle Williams et Seth Rogen.

Comédie dramatique de Sarah Polley. Avec Michelle Williams, Seth Rogen, Luke Kirby. 1h56. Sortie: 19/09. ***

Daniel (Seth Rogen) et Margot (Michelle Williams) se sont aimés dès leur rencontre, et filent depuis un bonheur tranquille, tant la douce fantaisie de la seconde se marie joliment au calme terrien du premier. Pour tous, ils font un beau couple uni et complice, se ménageant de petits délires érotiques et même domestiques, quand Daniel est par exemple aux fourneaux, en train d’essayer une des recettes de poulet destinées au livre de cuisine qu’il prépare. Un jour, pourtant, la présence d’un voisin fascinant (Luke Kirby) va venir troubler Margot, d’abord résistante mais bientôt irrésistiblement attirée par un Daniel aussi différent que possible de son mari qui ne soupçonne -encore-rien…

Le triangle amoureux est une figure si souvent explorée par le cinéma qu’on ne saurait chercher les beautés de Take This Waltz du côté de son sujet, ni des développements somme toute peu originaux qu’il lui donne. Sous le titre emprunté à la grave et superbe chanson de Leonard Cohen s’avance un film aux atouts résidant plutôt dans son ton tout en douceur parfois cruelle, dans ses nuances de couleur et d’émotion, dans l’accord qu’il tente et réussit entre humour et tristesse, désir et sentiment, sans jamais s’abandonner à quelque manichéisme que ce soit. Devant la caméra, une Michelle Williams au sommet de son art est fort bien entourée par Seth Rogen (à contre-emploi de ses rôles comiques) et Luke Kirby. Derrière, Sarah Polley confirme des talents de scénariste et de réalisatrice n’ayant rien à envier à ses qualités d’actrice.

Figures en mouvement

Native de Toronto, Sarah Polley avait été révélée par le génial Terry Gilliam dans son très dingue et captivant The Adventures of Baron Munchausen. Elle y jouait Sally, et n’avait que… 9 ans. Adolescente, elle inspira un autre Canadien, Atom Egoyan, dans le fascinant Exotica d’abord, dans le romanesque et endeuillé The Sweet Hereafter ensuite. Devenue aussi productrice, scénariste et réalisatrice à l’âge où beaucoup commencent à peine leur carrière, Polley signa voici 5 ans un très émouvant Away from Her, qui abordait le thème difficile de la maladie d’Alzheimer à travers le drame d’un couple séparé par l’internement de l’épouse (magnifique Julie Christie) et… sa liaison avec un autre patient. Un triangle, déjà, placé certes sous un signe plus tragique, mais montrant l’intérêt de la jeune cinéaste pour l’étude des changements amoureux et leur répercussion sur la vie de celles qui quittent, de ceux qui sont quittés, ou inversement. Pour le mouvement des corps et des coeurs, donc, que la mise en scène chaleureuse, solidaire, de Sarah Polley accompagne sensuellement dans Take This Waltz. Une invitation à la danse d’une singulière élégance visuelle et humaine.

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