Le Kazakhstan dit merci à Borat

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Il y a 6 ans sortait dans nos salles le documenteur de Sacha Baron Cohen, « Borat, leçons culturelles sur l’Amérique au profit glorieuse nation Kazakhstan ». Les autorités de cette république d’Asie centrale, qui avaient interdit le film en 2006, remercient finalement Borat… pour y amener des touristes.

S’il n’était pas tendre avec l’Amérique et ses travers, le film de Sacha Baron Cohen sorti en 2006 ne l’était pas non plus avec le Kazakhstan. Le pays d’où est originaire son héros est dans ce film montré comme un pays de sauvages, d’arriérés incestueux affamés de sous-culture américaine. En signe de protestation face à cette image rédhibitoire donnée du pays, le film du réalisateur britannique y avait été interdit. Mais il semblerait pourtant que se moquer du Kazakhstan, dont on parle au final peu, a été bénéfique puisque le nombre de visas touristiques a été multiplié par dix depuis la sortie du film. Au point que le ministère des Affaires Etrangères, Yerzhan Kazykhanov, se soit fendu ces jours-ci d’un communiqué pour dire qu’il était « reconnaissant à Borat d’avoir contribué à amener des touristes au Kazakhstan. »

L’ironie est que rien dans ce film ne provient directement du Kazakhstan. Le village d’où vient Borat se trouve en réalité en Roumanie, la plupart des acteurs jouant ses compatriotes sont des amateurs qui, faute de gloire, sont devenus des phénomènes de foire. La langue que parle Borat est l’hébreu, mâtinée de mots empruntés au polonais ou au russe, et son compagnon joué par Ken Davitian parle arménien tout le long du film. La plupart des inscriptions en cyrillique ne veulent rien dire et certaines des lettres sont parfois simplement des lettres latines inversées. Certaines images du générique sont tirées de publicités estoniennes datant des années 80 et le président qui apparaît est Ilham Aliev, chef d’Etat de l’Azerbaïdjan. Le supposé hymne national kazakh a été composé par le frère du réalisateur. Mais ce faux hymne a pourtant récemment été diffusé par erreur lors de la remise des prix des championnats du monde de tir au Koweït, qui avaient lieu à la mi-mars. Les officiels du Kazakhstan avaient alors porté plainte pour s’insurger contre l’incommensurable distraction du Comité Olympique.

Le film est toujours interdit au pays de Borat, son site Internet censuré, comme dans la majorité des pays musulmans, à l’exception notable du Liban. Peut-être que Sacha Baron Cohen devrait se rendre un jour au Kazakhstan pour promouvoir son film, il néglige inconsciemment 16 millions de potentiels spectateurs, ce n’est pas rien.

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Marianne Delaforge (stg)

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