Critique

Les enfants loups, Ame & Yuki

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Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

ANIMATION | Mamoru Hosoda se fend d’une nouvelle fable identitaire autour d’enfants tiraillés entre les deux pôles de leur nature bifide. Drôle et sensible.

FILM D’ANIMATION DE MAMORU HOSODA. 1H57. SORTIE: 03/04. ***

Chez Mamoru Hosoda, chantre de l’animation japonaise, la dimension fantastique ou anticipative n’est bien souvent qu’un prétexte. Une manière de mettre en perspective les multiples possibles de l’existence -et les choix, plus ou moins forcés, que celle-ci impose tôt ou tard. Ainsi dans La traversée du temps (2006), Makoto, jeune adolescente lunaire, effectue-t-elle de micro-sauts temporels lui permettant de ne goûter qu’aux avantages de la vie, avant de prendre conscience des dégâts qu’elle peut occasionner au passage, notamment au sein du triangle amoureux qu’elle forme avec Chiaki et Kosuke. Deux garçons, une fille: d’infinies possibilités. Et le principe d’indécision comme motif sensible d’un film à la foisonnante arborescence qui illustre aussi, en filigrane, le passage parfois difficile à l’âge adulte.

Trois ans plus tard, les personnages de Summer Wars se voient quant à eux prolongés à travers leurs avatars dans la dimension virtuelle de OZ, univers vidéoludique pouvant lui-même influer sur le monde réel. Dans un grand jeu de faux-semblants où tout un chacun devient multiple, ce qui ne manque pas, dans le même temps, de le transcender et de le révéler à soi-même.

Si le décor varie sensiblement, il n’en va guère autrement aujourd’hui avec Les enfants loups, Ame & Yuki, dernier film en date de Hosoda qui connaît les honneurs d’une sortie officielle dans nos salles après s’être fait remarquer au récent festival Anima. Où il est question, là encore, de déclinaisons plurielles et de métamorphose.

Dans la forêt

Chrysalide urbaine délimitant de manière stricte les contours d’une improbable idylle naissante, Tokyo compose la toile de fond d’une ouverture fleur bleue dont l’atmosphère romantico-philosophique ne fait pas l’économie de certains clichés -sur la vie, l’amour, la mort. Mais le film prend son envol une fois enraciné aux abords champêtres d’une forêt luxuriante, cadre enchanteur où ses charmes peuvent enfin déployer toute leur belle envergure.

C’est l’histoire de deux enfants loups issus d’une mère humaine et d’un père métamorphe trop tôt disparu, Ame et Yuki, lesquels, en grandissant, seront amenés à choisir quelle nature, de l’homme ou du loup, leur correspond le mieux, histoire de trouver leur place dans le monde avide d’étiquettes qui les entoure. Pour un récit dont la tendresse de tous les instants n’évacue pas pour autant le dilemme identitaire complexe qui le sous-tend. Et un film baigné de poésie et de magie qui ne dénoterait pas, loin de là, dans le prestigieux catalogue du studio Ghibli. Dans un esprit très enfantin, quelque part entre Kiki la petite sorcière et Ponyo sur la falaise. Charmant.

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