Critique

Portrait d’un inconnu. Nicolas Sarkozy

On sait tout de Sarko. Ou presque, tant sa médiatisation est étouffante. Ici, les correspondants étrangers à Paris apportent leur pierre à l’édifice.

PORTRAIT D’UN INCONNU. NICOLAS SARKOZY, DOCUMENTAIRE DE WILLIAM KAREL. ****

Ce mercredi 14 décembre à 22h05 sur La Une.

Ils sont 18. Et par petites touches, ils se livrent à l’art délicat du portrait du Président français. Un tableau impressionniste, relativement nuancé, d’un Nicolas Sarkozy qu’ils ont tous, un temps, porté aux nues, et qu’ils vouent désormais aux gémonies.

Ils sont correspondants à Paris pour des organes de presse étrangers, américains, anglais, africains et même belge. Et, stupéfaits par la déférence dont font preuve les journalistes français face à leur petit monarque, ils osent gratter là où ça fait mal (tellement que la société qui a produit ce film a refusé de fournir à la presse télé des copies DVD du sujet), où les reporters de la République n’osent pas s’aventurer -Nicolas Sarkozy étant, il est vrai, un champion de la dégomme (PPDA lui devrait ainsi par exemple son éviction du JT de TF1 pour l’avoir traité de « petit garçon »). Là ne s’arrête pas l’intérêt du parti-pris de ce Portrait d’un inconnu. En se décentrant du prisme belgo-français à travers lequel on appréhende nos voisins, le regard de ce documentaire se veut culturellement multiple.

On apprendra ainsi que les Russes, fans de Mireille Mathieu, ont été soulagés de l’entendre chanter ses Mille colombes lors de l’élection de son plus grand fan: « Si Mireille Mathieu est aux côtés de Nicolas Sarkozy, pour nos affaires, ce n’est pas si affreux ». Ou encore que les Chinois étaient ravis de le voir s’unir à Carla Bruni: « En Chine, épouser un mannequin, c’est vraiment quelque chose. »

Batteleur de foire

Le film foisonne d’anecdotes et d’images d’une rare cocasserie, et si on y rit beaucoup, il rappelle surtout les grands ratés du règne du dernier roi de France, en particulier la gestion du dossier rom, unanimement considérée comme « une dégueulasserie » par les correspondants étrangers.

Cependant, comme le dit le virulent journaliste suisse Jean-Philippe Schaller, tourné vers la campagne 2012: « Comme candidat, comme batteleur de foire en campagne, il va être excellent, il le sait. »

Myriam Leroy

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