Critique | Musique

R.E.M. – Lifes Rich Pageant (réédition)

ROCK | À la mi-1986, R.E.M. sort un disque dru mélangeant des guitares byrdsiennes à une paire de ballades éco-friendly… La réédition propose aussi 19 démos d’époque.

Enregistré lors d’un printemps 1986 en Indiana, le 4e album de R.E.M. est une affaire mordante et ensoleillée. Qui contraste avec l’humeur du prédécesseur, le spleeneux Fables Of Reconstruction, bouclé l’année précédente dans le fog londonien avec un mythique producteur de folk anglais, Joe Boyd. Le voilà escorté de Don Gehman, réputé pour quelques disques nerveux de John Mellencamp. Comme l’expliquent les intéressantes notes de pochette, « Gehman était un solide artisan doté d’une approche concentrée et directe dans le processus de fabrication des disques (…). Nous ne nous occupions pas de hits éventuels, lui bien… ». Gehman incarne R.E.M. dans des guitares bain de jouvence qui rappellent les parfums sixties des Byrds, y compris lorsque le quatuor reprend l’obscur Superman (1969) du groupe texan The Clique. Le producteur encourage Michael Stipe à occuper tout l’espace nécessaire à épanouir ses idées et vocalises, mises en avant d’une manière quasi protest song. Par exemple dans Fall On Me, qui fustige autant les pluies acides qu’une forme d’oppression politique: les 4 musiciens, âgés de 26 à 30 ans, vivent alors dans l’environnement conservateur drainé par le second mandat présidentiel de Ronald Reagan. D’où cette pugnacité supersonique (Just A Touch), ce shadow boxing contre les pénibles reaganomics. L’album est sans doute celui qui met le plus en valeur les capacités rythmiques du batteur Bill Berry: un métronome gourmand qui énergise l’ensemble et dope une vision volontariste de la musique.

Don Gehman fantasmait sur un tube qui n’arrivera pas, mais 4 morceaux du disque vont néanmoins intégrer le répertoire classique de R.E.M.: Begin The Begin, These Days, Fall On Me et Cuyahoga. Ces 2 derniers font partie de la poignée de semi-ballades qui dessinent le style à venir du groupe: hypnotique, élégiaque et sensible. Les autres réussites de l’enregistrement, comme le très grec Underneath The Bunker, renvoient au bonus de la réédition, soit 19 démos composant un second CD. Sept d’entre eux resteront inédits, mais Bad Day -à l’intro très Clash- ressurgira sur le Best Of de 2003. Lifes Rich Pageant sera le premier disque d’or de R.E.M. aux Etats-Unis.

Philippe Cornet

R.E.M., Lifes Rich Pageant (coffret réédition), distribué par EMI. ***

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