Critique

À la télé ce samedi soir: Tous tatoués

Tous tatoués © Temps Noirs
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Il fait l’objet d’émissions de télé-réalité et l’idée d’être la toile d’une oeuvre d’art colle plutôt bien à notre époque. Tour à tour carte d’identité, rite de passage, remède thérapeutique voire symbole religieux, le tatouage est pourtant vieux comme le monde.

Tous Tatoués en raconte l’histoire. Depuis les Inuits et les peuples ancestraux qui ont eu recours à ses pratiques jusqu’à monsieur et madame tout-le-monde qui se donnent aujourd’hui de faux airs rebelles en se faisant dessiner une rose sur le sein et un flingue sur la fesse, il explique les marins qui l’ont redécouvert au XVIIe siècle au contact des peuples du Pacifique et se faisaient tatouer les épisodes marquants de leur vie. Synonymes d’aventure et d’exotisme. Les prisonniers, les marginaux, les Yakuzas qui en ont fait la marque des mauvais garçons. Ou encore les hippies qui l’ont popularisé dans les années 60…

Réalisateur en 2008 d’Antifa, chasseurs de skins, documentaire sur les combats entre antifascistes et skinheads d’extrême droite dans les années 80, Marc-Aurèle Vecchione en signe ici un excellent consacré au tatouage… Cet art considéré comme une marque corporelle d’inspiration païenne par le clergé et le pape Adrien au VIIIe siècle, et banni parce qu’on ne modifie pas le corps que Dieu nous a donné.

Hollywood, églises et rames de métro

Vecchione tend le micro à quelques maîtres de la discipline. Lyle Tuttle a commencé en 1949 avec des militaires et a dans les années 60 vu plus de petites culottes qu’un gynéco… Il a tatoué Janis Joplin et Henry Fonda. Et souligne que les femmes, plus exigeantes et désireuses de motifs personnifiés, ont largement contribué à son essor… Mark Mahoney a côtoyé Sid Vicious et Johnny Thunders. A dit à Henry Rollins qui espérait se faire tatouer à l’oeil d’aller se faire foutre. « Même ma mère, je la tatouerais pas gratos. C’est mon job. Je ne te demanderais pas de venir jouer chez moi pour rien. On a bu un café et il est parti. » Il a décoré Johnny Depp et Notorious B.I.G… Explique que les stars du rock, du rap et d’Hollywood ont rendu son art plus acceptable. Fuzi, lui, transforme la séance de tatouage en cérémonie et emmène sa passion dans des endroits atypiques. Accomplit ses forfaits dans des églises ou des rames de métro… Et s’est notamment occupé de Scarlett Johansson. Ils ne sont que quelques-uns des nombreux intervenants à peupler cette plongée fascinante en terres tattoo.

  • Documentaire de Marc-Aurèle Vecchione.
  • Ce samedi 16 novembre à 23h15 sur Arte.

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