Gay Pride: le gnangnan, c’est maintenant!

Malgré un résultat plus hétéro que le Pape au test Kinsey, Serge Coosemans revendique une certaine opinion sur la Belgian (Gay) Pride. Et elle ne va pas plaire à tout le monde, hohoho. Sortie de route, track #30.

Gay Pride: le gnangnan, c'est maintenant!

J’essaye de cultiver envers l’homosexualité la plus grande indifférence. Pas de la froideur, ni de l’insensibilité, mais ce type d’indifférence que j’éprouve aussi pour le métier que font les gens, leurs goûts télévisuels, ce qu’ils mangent… Comme je vois les choses, être pédé ou lesbienne, ce n’est pas très différent qu’au restaurant préférer une cuisson de steak à une autre. Certains en font le coeur de leur identité, matière à revendications. Parfois je m’y retrouve, parfois je compatis, mais le plus souvent, gay, j’estime qu’il n’y a vraiment pas de quoi en faire un plat. Il se fait que je pense que coucher avec quelqu’un du même sexe est moins une déviance mentale que collectionner les bagues de cigares ou photographier les avions au décollage. J’estime que ce qui est vraiment sale, dégueulasse, une abjection qui mérite les flammes de l’enfer, ce n’est pas d’éprouver des sentiments pour quelqu’un, c’est de préparer des choesels au madère pour un enfant, de gober des harengs vivants, de coller des crottes de nez sous les banquettes de trains. Le mariage gay, l’adoption, les mecs qui se bécotent en rue, tout ça, ce n’est pas le signe que notre civilisation s’écroule. Que des gens puissent penser que c’est le signe que notre civilisation s’écroule est le signe que notre civilisation s’écroule. Un gay ne donne pas envie de frapper. Sauf s’il est scout, témoin de Jéhovah ou niqueur de file au supermarché.

Voilà ce que je pense, très basiquement, et visiblement, le barman de la taverne où l’on se retrouve ce samedi soir en before n’est pas du même avis: « J’étais garé dans le centre, fieu, en pleine Gay Pride, j’avais oublié. Toutes ces sales pédales, je te jure que j’aurais bien foncé dedans. » Nous sommes en mai 2012 et le Cro-Magnon se porte toujours à merveille, me dis-je en ramenant les bières à table. Reste que tout au fond de moi, ma part hautaine, méchante et sociopathe ne peut s’empêcher de penser qu’au-delà du carnage homophobe, en commettant ce crime abject, ce trou-de-balle de limonadier aurait surtout zappé de la surface de la terre une belle tripotée de gros beaufs. On ne me retirera en effet pas de la tête qu’entre la toute première et noble Gay Pride historique (Stonewall, 1969) et le défilé gnangnan de ce week-end à Bruxelles, il existe le même genre de différences qu’entre Jude Law et Dodo La Saumure.

On me dira qu’une Gay Pride, c’est sympathique, c’est bon enfant, une belle occasion de faire la fête. Okay, mais appelez ça un carnaval, alors. Parce que moi, pour une Marche des Fiertés, je sortirais plutôt l’attirail didactique. De quoi montrer aux connauds que des gays, il y en a certes quelques-uns du genre Zaza Napoli mais il y en a surtout beaucoup qui ont fait avancer les arts, la littérature, la musique, la mode, la politique, la science, le monde. Je ne comprends tout simplement pas comment on peut se prétendre fier d’un défilé de ploucs qui montrent leurs pecs malgré les 15 degrés ambiants, bouffent des ecstas à midi et gigotent sur les pires Madonna du répertoire alors qu’il serait tellement simple de balancer des noms, des allusions et des hommages qui banaliseraient carrément l’homosexualité, la rendraient évidente et sympathique même au plus buté des homophobes. La Belgian Gay Pride n’est qu’un carnaval de plus et à ce train-là, on peut l’année prochaine faire venir les Gilles de Binche plutôt que toute la classe politique en représentation électorale. Et leur faire jeter des capotes et des tubes de lubrifiants aux badauds. C’est plus utile et moins dangereux que les oranges.

Faut dire ce qui est, aussi: foirer un cortège est une grande spécialité belge. Prenez la Saint V, qui est la commémoration de l’ouverture de l’Université Libre de Bruxelles par la future élite de la nation. Bières tièdes, vomi chaud, Polo, montres nous tes couilles-ouille-ouille. Prenez la City (Techno) Parade. Vingt ans que les mecs revendiquent la richesse de la culture musicale électronique en balançant à chaque coup la pire daube de techno basique de merde qui existe. Prenez la Fête Nationale. On célèbre la paix et l’unité en faisant parader tout l’attirail de répression et de destruction. Prenez n’importe quelle manifestation syndicale. On négocie la justice sociale pinté à la Cara Pils, en faisant son révolutionnaire en baskets Brantano et dès que c’est fini, on s’en va palper de la cuisse bulgare dans les lupanars pour fonctionnaires/navetteurs. Bref, avec un tel ADN en matière de défilés, pas étonnant que le belge rate complètement sa Gay Pride, qu’une revendication à la différence et à l’apport sociétal se traduise dans les faits par des comportements dignes d’une harde de shampouineuses lâchées sur un Chippendale. Bête et méchant et peu nuancé que tout cela? Fallait pas me coller 7 heures de disco de mariage entre les oreilles, les garçons…

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Serge Coosemans

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