Critique

Critique ciné: The Fifth Estate

The Fifth Estate © DR
Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

BIOPIC | La saga de WikiLeaks et le personnage de Julian Assange sont au coeur d’un thriller high tech.

Révolutionnaire, l’idée l’était, assurément. Créer une plate-forme de téléchargement où des « whistle blowers », soucieux de révéler corruption, abus et injustice pourraient déposer et dévoiler des documents secrets, sans quitter un anonymat protecteur. Julian Assange, hacker australien en guerre contre les mensonges du pouvoir (politique mais aussi économique), l’a imaginé et l’a fait, en créant WikiLeaks. D’abord dans l’ombre, puis dans la lumière à mesure que les fuites devenaient importantes, jusqu’à mettre en cause des gouvernements, dont celui des Etats-Unis… Aujourd’hui, après le « coup » fumant des dizaines de milliers de documents secrets américains concernant la guerre en Afghanistan, et les accusations d’ordre sexuel lancées à son endroit par la justice suédoise, Assange est réfugié dans l’ambassade d’Equateur à Londres. Et tandis que le spécialiste des fuites imagine mal la sienne, le cinéma s’empare de son histoire…

Transparences

Produit par Dreamworks, The Fifth Estate est le plus médiatisé des films consacrés à WikiLeaks et Assange. Mais un autre, australien et intitulé Underground: The Julian Assange Story, l’a précédé l’année dernière. Et le site de WikiLeaks a lui-même mis en ligne un documentaire, Mediastan, regardé par 500.000 internautes le jour même rien qu’en Grande-Bretagne, alors même que The Fifth Estate connaissait l’un des pires démarrages pour un film de grand studio… Largement inférieur à The Social Network mais plus prenant que Jobs, le film de Bill Condon (Dreamgirls, les deux derniers épisodes de la saga Twilight) met en images d’assez efficace manière un scénario quelque peu -inévitablement?- répétitif et touffu. Benedict Cumberbatch a le physique adéquat pour incarner Assange, et le talent nécessaire à exprimer les contradictions de ce personnage complexe. Le comédien britannique aux traits si particuliers, impressionnant en Khan de Star Trek Into Darkness et en Smaug de la trilogie du Hobbit, signe une prestation non dépourvue d’impact. Face à lui, Daniel Brühl (brillant tout récemment en Niki Lauda dans Rush) joue avec ardeur le collaborateur allemand d’Assange. Un jeune homme à l’idéalisme fervent, que l’ego spectaculaire de son boss va mettre mal à l’aise, surtout quand Assange poussera le radicalisme jusqu’à refuser de masquer les identités de personnes pouvant voir leur sécurité menacée par ses révélations. Un débat moral bien posé, dans un film un peu brouillon sur les vertus de la transparence et l’émergence d’un « cinquième pouvoir » via le Web mondial.

  • DE BILL CONDON. AVEC BENEDICT CUMBERBATCH, DANIEL BRÜHL, ANTHONY MACKIE. 2H08. SORTIE: 04/12.
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