Welcome

Simon (Vincent Lindon) est professeur de natation et va faire la rencontre de Bilal, jeune Kurde sans papier. Une amitié naît entre les deux hommes et Simon décide de venir en aide à Bilal pour qu’il puisse « passer » coûte que coûte.

Le sujet de l’immigration clandestine, et des drames que vivent très souvent ces voyageurs indésirables qui en font partie, trouve une illustration particulièrement forte et poignante dans le beau film de Philippe Lioret. Vincent Lindon y incarne Simon, un professeur de natation qui voit débarquer à la piscine de Calais un jeune kurde irakien qui lui demande de lui donner des leçons. L’adolescent veut en fait traverser la Manche à la nage, pour rejoindre à Londres la jeune fille qu’il aime… Comment le moniteur, d’abord réticent, va s’attacher au jeune homme, et peu à peu lui apporter une aide dépassant les limites de son enseignement et du bassin de natation, Welcome (titre ironique s’il en est) le narre avec attention, précision, intelligence et sensibilité.

Evitant tous les pièges du cinéma démonstratif, où les bonnes intentions devraient suffire, Philippe Lioret (réalisateur de Je vais bien, ne t’en fais pas) trouve les accents justes pour inscrire dans une grande crédibilité, et une tension palpable, un récit qui prend au coeur comme à l’esprit. On vibre, on ressent, et on réfléchit ensuite, à ce spectacle riche d’un humanisme fervent, et où est posé la nécessaire question de la solidarité. Lioret ayant été choqué par les ennuis judiciaires promis en France à celles et ceux qui hébergeraient un clandestin, ou lui viendrait en aide de quelque autre manière. Vincent Lindon, dans un de ses meilleurs rôles, signe une prestation douloureuse, magnifique, dans le rôle d’un Simon en pleine prise de conscience. Et le jeune Firat Ayverdi lui donne excellemment la réplique, dans un film à voir et à méditer, par-delà l’émotion (toujours sobre et contenue) qu’il dégage.

Louis Danvers