Le 4 juillet de Pearl Jam

© Olivier Donnet

Finalement, l’événement de la journée de dimanche s’est peut-être passé en coulisses. Le barbecue du 4 juillet qu’y a organisé Dave Grohl semble en effet avoir fait son petit effet sur les troupes (américaines) présentes. Idéal en tout cas pour créer une vraie atmosphère de festival, comme on l’a finalement très peu retrouvée tout au long du week-end.

Après une paire de morceaux, Eddie Vedder y va ainsi de cette confession :  » Notre boulot est de jouer de la musique. Mais parfois il se passe quelque chose en plus.  » Et le chanteur de Pearl Jam de remercier le public, mais aussi les autres groupes présents avant eux : les Them Crooked Vultures, Arcade Fire ou encore les potes d’Alice In Chains…  » Et si Joe Strummer était encore dans le coin, sûr qu’il serait de la partie « , ajoute encore Vedder avant de lancer une reprise de Arms Aloft, issu du dernier album du leader des Clash.


Pearl Jam venait ainsi clôturer une édition 2010 de Rock Werchter en demi-teinte. La faute certainement à une affiche parmi les plus bancales de ces dernières années. Avec quelques bonnes confirmations (The XX, Florence & The Machine,…), certes, mais peu de vraies surprises, des têtes d’affiche souvent en roue libre, et surtout quelques solides incongruités. Ou quand Werchter, vitrine de l’actualité musicale, se transforme surtout en bric-à-brac.
Au moins la journée de dimanche avait le mérite d’être de loin la plus cohérente. Avec sur la grande scène, des groupes comme les Black Keys, Them Crooked Vultures ou Alice In Chains, les guitares seventies étaient à l’honneur. Du lourd, du gras, du riff qui dépote : c’est étonnant mais cela attire encore son petit monde. D’où la place de Pearl Jam en tête d’affiche.


Certes, au même moment, le Marquee affichait complet, rempli de kids venus se faire secouer par la techno de Vitalic. Ce qui vaudra d’ailleurs quelques scènes impressionnantes – comme quand, lors d’un break, le public se met à genoux spontanément, avant de sauter tous ensemble au moment où Vitalic relâche le beat : énorme.


Repasser après cela sur la grande scène, et le contraste ne pouvait être que plus saisissant. Ce n’est pas seulement une question de genres, mais aussi simplement d’époque. Pearl Jam, héros grunge, contre un mec (un Français en plus) seul derrière ses laptop : il y a 15 ans, le combat aurait été inégal. Aujourd’hui, le duel est beaucoup plus équilibré. Pas sûr cependant que cela préoccupe beaucoup Pearl Jam. Sur scène, le groupe trace sa route comme si de rien n’était. Les guitares sont lourdes, partant en solo plus souvent que de raison. Eddie Vedder rugit toujours avec autant de puissance. La musique est forcément datée, mais pas obsolète, préservée par une démarche qui semble ne s’être jamais écartée d’une certaine ligne, sincère et honnête. En toute fin de concert, Pearl Jam balance encore sa reprise de Kick Out The Jams, rejoint sur scène par l’inévitable… Dave Grohl. Une belle manière de clore les hostilités…

Laurent Hoebrechts à Werchter

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