Baxter Dury: leçon de flegme

Ce samedi au Botanique, le fils d’Ian Dury distillait sa pop nonchalante dans une Rotonde pleine à craquer. Un concert maladroit aux vertus thérapeutiques.

Après avoir passé la journée à jouer les beaufs de service au palais du Heysel, il fallait un remède de cheval pour remettre les pieds sur terre. Et le flegme purement british de Baxter Dury, dont l’album Happy Soup tourne en boucle depuis un moment, a parfaitement joué son rôle thérapeutique.

Une fois n’est pas coutume: on arrive presque en avance au Botanique. L’occasion de faire quelques provisions avant d’attaquer la première partie, qui sera une véritable surprise comme on en fait trop rarement. New Build, qu’on nous annonçait comme un « trio formé autour de membres de Hot Chip », s’avère être carrément plus que ça. À 8 sur scène (guitare-duo de claviers-basse-batterie-percus-choristes), le groupe londonien envoie sa sauce électro-rock avec un groove irrésistible… Qui ne mettra pas longtemps à exhumer les pulsions tribales d’un public pourtant campé sur les gradins de la Rotonde durant le premier morceau. Un premier album est annoncé pour le début de l’année, et on ne saurait que s’en réjouir. À suivre, donc.

Quand l’ami Baxter et son groupe s’emparent de la scène, le changement de ton est immédiat: adieu lignes de basse sautillantes, bonjour mélancolie désabusée. En un peu plus d’une heure, le poète cheap passe en revue ses trois albums avec autant d’aisance vocale que de psychomotricité maladroite. Et là où sa pop fait mouche grâce à ses arrangements minimalistes ou aux choeurs sixties de Madelaine Hart, un peu plus de présence scénique n’aurait pas fait de tort. Mais si sa démarche hasardeuse participe au côté émouvant du personnage, c’est quand il se déchaîne derrière son Rhodes que le fils d’Ian Dury fait mouche. Pour terminer le concert en une série de morceaux psychédéliques emmenés par un batteur pas radin en coups de massue.

Dès le début du concert, l’englishman annonçait la couleur: « la deuxième fois que j’ai joué Claire en concert, il y avait un gars au fond de la salle qui lisait un bouquin et n’avait pas l’air d’apprécier. Mais c’est lui qui a le plus applaudi à la fin du morceau. Je ne sais pas si c’est un bon signe ou pas… » Et on se dit que c’est ça qui nous charme chez le bonhomme: une insouciance et une décontraction pointées de la touche d’humour british ad hoc. Le gaillard repassera par le Botanique lors des Nuits, le 16 mai prochain: promis, on reviendra.

Kevin Dochain

SETLIST: Francesca’s Party / Isabel / Claire / Leak at the Disco / Afternoon / Happy Soup / Trellic / Picnic on the Edge / Babies / Hotel in Brixton / The Sun / Lucifer’s Grain / Cocaine Man / Oscar Brown // Love in the Garden

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