FIFI day 3: quand le court-métrage se met au belge

Les films s’enchaînent sans interruption au Festival International du Film Indépendant depuis mardi. Hier, les courts métrages belges étaient à l’honneur. Du pur plaisir.

Le problème avec les festivals de cinéma, c’est qu’il y a du choix. Trop de choix: de 16h à minuit, les projections de courts ou de longs-métrages se suivent (et ne se ressemblent pas) au Centre culturel Jacques Franck, et impossible de tout voir, évidement. Il faut faire des choix. Et choisir, on le sait, c’est forcément renoncer. Mais le positif, par contre, c’est que ce qu’on arrive à voir, on est content de le voir. Et pas qu’un peu.

17h: Courts-métrages, entre rêve et réalité

Comme mercredi soir on est arrivé tard, juste pour la séance de 22h15 (Matariki, film choral social sur la culture maori), on s’est dit que le lendemain, on allait arriver plus tôt, pour pouvoir s’en mettre plein les mirettes. A 16h doit commencer la fournée des longs métrages produits en Belgique et tournés en français, flamand, ou en espagnol. Et c’est pour ce genre de séance là aussi que nous bénissons l’existence de festival comme le FIFI. Il n’y a pas plus pur bonheur que de s’enfiler à la chaîne des petites perles de cinéma, des courts-métrages plus différents et plus inventifs les uns que les autres. Qu’ils durent 5 ou 15 minutes, c’est à chaque fois une véritable plongée sans retenue dans un univers original, vivifiant, décalé. OEuvres glauques, trash, absurdes, drôles, animées, grises ou colorées, c’est à chaque fois des quarts d’heure coupés du monde, où l’on pleure, rit ou s’effraye, comme dans un rêve. Parce que le cinéma, et plus particulièrement les courts-métrages, c’est presque comme un rêve. Ca ne dure pas longtemps mais ça condense tout une vie, et quand les lumières de la salle se rallument, c’est comme un réveil, un retour sur la terre ferme.

Et ce n’est pas moins d’une douzaine de rêves qu’il nous est proposé de voir ce jeudi jusqu’à 20h, avant le long-métrage de la soirée. Parmi eux, le claustrophobe Thermes de Banu Akeski. Un drame psychologique où Joachim, un adolescent, gagne des entrées en centre de thalasso et décide d’emmener sa mère qui vit une passe difficile. Une fois sur place, dans ce lieu à la fois inconnu et de bien être, une atmosphère angoissante prend forme. L’adolescent et sa mère finissent par se séparer et le spectateur, à travers la vieille femme, finit par se perdre dans ce centre trop silencieux, comme dans un cauchemar.
L’Insas, l’école de cinéma belge, était aussi présent au festival à travers Le jour des poubelles de Sophie-Clémentine Dubois. L’action se passe dans un futur proche, ou nos grands-parents et proches âgés seraient emmenés, le jour de leurs 65 ans, par une unité « spéciale ». Ils viennent les chercher et les embarquer, comme on se débarrasse de nos poubelles. Bref et percutant.

Dimanches, quand le court côtoie l’absurdeSi La dernière fois de Barney Frydman (l’histoire d’un jeune homme réalisant un matin que les visages des gens et de ses amis s’effacent) se révèle efficace en termes de suspens et d’émotion (sur la fin), on retiendra surtout l’excellent Dimanches de Valéry Rosier. Cette fiction de 15 minutes, qui a été présentée à Cannes pour La Semaine de la Critique, met en scène plusieurs protagonistes, par un froid dimanche matin dans un petit village de campagne. L’humour noir et l’absurde sont à l’honneur dans ce film jouissif et hilarant, les personnages à la fois pathétiques et touchants, et chaque scène comporte peu de dialogue. Pas besoin. Voici, en guise d’aperçu, le teaser du film.

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Pour la suite, place à la séduisante Version du Loup, d’Ann Sirot et Raphaël Balboni, une version marginale du Petit chaperon rouge où le loup, lassé de sa réputation, tombe sous le charme de la jeune fille du conte de Perrault.
Ensuite, les amours du passé viennent perturber les amours du présent, dans Terres nouvelles de Bernard Dresse, un film maîtrisé et bien interprété. Une jeune femme brisée en quête de bonheur, dans La Vida de Maria de Magdala, quitte ses bourreaux et sa condition de vie lamentable du jour au lendemain. Un récit poignant et plein d’espoir.

Teaser « La version du loup »

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La fin de la séance approche et on a droit pour le dessert à deux films d’animation assez différents, SUMO et Fugue. Le premier est une expérience graphique de Laurène Braibant, où l’expressivité des mouvements des corps est mise en avant, durant un combat de sumo intensif. Le second, génialissime, de Vincent Bierrewaerts, est plein de petites trouvailles. Il relate l’histoire d’un petit personnage qui veut prendre soin d’une jeune pousse et, pour ce faire, va tenter de capturer un nuage pour le moins insaisissable. Les dessins – simples au possible – et la rareté des couleurs fait l’originalité de ce court-métrage. La musique, d’une créativité insolente, habite totalement l’univers. Les flûtes, synthés et autres percussions se marient aux mouvements, lieux et émotions du personnage. Extrait.

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20h: Le cinéma turc à l’honneur avec Hayde Bre Micro-pause. C’est juste le temps qu’il faut pour courir s’acheter un bicky burger au snack d’à côté, et la séance du soir commence. Subitement, le calme qui occupait la salle jusqu’à présent se rompt. Les gens affluent: ils sont venus voir Hayde Bre de Orhan Oguz, un film turc – c’est le pays à l’honneur ce soir. Le jury est là et la présence de la présidente et actrice Hafsia Herzi, et Mourade Zeguendi (Les Barons), entre autre, est saluée.
Avant le lancement du film, Robert Malengreau et Marcel Croës, directeur et président du FIFI, annoncent la remise d’un prix : le Lifetime Achievement in Film Award 2011, prix qui récompense depuis 2007 un professionnel du cinéma dont le travail a marqué l’histoire du cinéma. Il est attribué cette année à Denise Vindevogel, chef-monteuse belge qui a collaboré avec les Dardennes, Gérard Corbiaux (sur Le maître de musique) et même Jacques Brel. La lauréate, très touchée, a adressé un bref mot de remerciement. Enfin, Hayde Bre commence. Il nous plonge dans la vie animée d’Istanbul où une femme de la quarantaine, dont le mari est paraplégique, tente d’élever ses enfants et de joindre les deux bouts. Lorsque sa mère meurt, elle accueille son père chez elle. Cet homme doit donc quitter son village de campagne pour aller vivre dans la cohue citadine, un univers étranger pour lui. Le film met ainsi en avant le choc frontal entre générations et cultures différentes, qui tentent de se comprendre. « Le sujet de ce film est intéressant, explique l’organisateur de la soirée, car il coïncide aussi avec l’anniversaire de la présence au pays de nombreux marocains qui sont émigré en Turquie, en février 1964, il ya presque 50 ans. Le film traite bien de la réalité de cet exode ». L’ambassadeur de la Turquie, présent pour cette avant première en Belgique, raconte l’espoir qu’il met dans ce film, considérant la Turquie comme « un pays parfois mal représenté ou mal compris » par l’Occident. La projection terminée, c’est sous les applaudissements du public, du jury et sous les flashes des photographes que l’actrice et la productrice du film viennent saluer. Après la cohue, il ne reste plus qu’à prendre le métro et rentrer dormir. Parce que demain, on recommence.

J.M. (stg)

Bande-annonce « Hayde Bre »

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Encore à voir au FIFI ce soir :

18h : 5 courts-métrages belges (Filomena, Dernier hommage,…)

22h : Sur la planche de Leila Kilani

Infos sur le FIFI
http://www.centremultimedia.org/fifi

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