The Spotnicks, ce groupe venu d’ailleurs

Pochette recto de l'album The Spotnicks "Live in Paris". © Polydor

S’ils sont aujourd’hui tombés dans l’oubli, les Spotnicks sont le premier groupe de rock suédois à avoir connu un succès important au niveau international. Retour sur leur carrière.

Au cours des semaines qui vont suivre, des articles fleuriront dans cette nouvelle rubrique dédiée à la culture suédoise. Pourquoi? Principalement parce que la Suède est le pays dans lequel Margo, notre stagiaire, a choisi de partir dans quelques mois en Erasmus. Dans L’instant suédois, le cinéma, la musique ou encore la littérature seront décortiqués dans une tentative de faire le tour de la question viking.

Si l’on associe le terme « musique » à « Suède », il a été scientifiquement prouvé que le premier groupe auquel on pense est Abba. De même, lorsque l’on échange « musique » par « meuble », le premier mot à venir à l’esprit est Ikea. Cela dit, il s’en est passé des choses avant et après le triomphe d’Agnetha Fältskog, d’Anni-Frid Lyngstad, de Benny Andersson et de Björn Ulvaeus. « Nous avons une forte tradition de musique folk en Suède mais je pense aussi que de grands artistes servent d’inspiration à d’autres artistes, explique Ian Haugland, batteur du groupe suédois Europe. Disons que The Spotnicks dans les années soixante ont inspiré ABBA dans les années septante qui ont inspiré Roxette dans les années quatre-vingt et ainsi de suite. » Les Spotnicks, donc? Inconnus en bataillon en 2015, ils semblent pourtant avoir connu une importante -mais brève- renommée dans le début des années soixante. L’occasion pour nous de revenir sur l’histoire de ce groupe, tombé dans l’ombre du rock britannique qui les a suivis.

Après une quarantaine d’album et plus de dix-huit millions de vente, les Spotnick sont un incontournable du rock instrumental. Bo Winberg, Bo Starander, Björn Thelin et Ove Johansson sont en effet à l’origine du premier groupe de rock suédois qui, dans les années soixante, a connu une renommée internationale avec un premier single Orange Blossom Special, reprise pour le moins éloignée de la version country originale d’Ervin Thomas Rouse.

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Sur scène, déguisés en cosmonautes, les Spotnicks, dont le nom vient bien évidemment des satellites russes, profitent grandement de l’entrain de l’époque pour la science-fiction et la découverte de l’espace. Last Space Train, Space Party, Space Creatures, Moonshot ou The Rocket Man sont seulement quelques-uns des titres qui le prouvent.

Des précurseurs

Mais l’atout majeur du groupe est sans conteste ce son rock sidéral dont il est le précurseur, « bien avant l’arrivée des synthétiseurs et du son numérique ». C’est que Bo Winberg, guitariste solo du groupe, est ingénieur en électronique et s’est chargé lui-même de concevoir l’amplificateur dont il se sert. Comme l’explique un numéro de Salut les copains sorti en mai 63, Winberg « a conçu lui-même les plans des amplificateurs spéciaux, il a prévu dans son schéma tous les perfectionnements de la technique contemporaine, il a sélectionné les meilleures pièces qui pourraient composer sa chaîne; puis, fer à souder en main, il a construit dans son laboratoire personnel l’appareillage unique au monde qu’aucun industriel n’aurait pu lui fournir. » Outre l’ampli, Winberg traficote également les guitares des membres du groupe et va même jusqu’à construire entièrement la guitare basse utilisée par Björn Thelin. Résultat? Un « space sound » à l’époque inégalé qui fera la renommée des quatre garçons venus de Göteborg.

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Véritable génie de l’électronique, Bo Winberg a plus d’un tour dans son sac et devient l’un des pionniers dans la création d’un émetteur sans fil pour guitare électrique bien avant que celui-ci se répande dans l’industrie de la musique. « Ce dispositif, alors totalement inconnu, alimentera la rumeur selon laquelle [The Spotnicks] utilisent le play-back en concert, explique sur son site un fan du groupe. [Bo Winberg] fera taire les mauvaises langues en descendant de scène pour se mêler au public et démontrer que sa guitare fonctionne bien sans fil. »

Un bref succès

Passé 1964, les Spotnicks décident de ranger leurs déguisements dans le placard face, entre autres, au succès grandissant de quatre garçons dans le vent. Le style des Suédois commence alors à changer et les titres chantés se font de plus en plus nombreux dans leurs albums. Si quelques morceaux se démarquent, « ces chansons restent malgré tout de pâles imitations de la tendance de l’époque ». N’est pas Paul McCartney qui veut. Le groupe enregistre encore quelques albums mais le succès du début n’est plus là. Les Spotnicks ne font pas exception dans le rock instrumental qui s’incline face à des John Lennon, Mick Jagger, Bob Dylan, David Bowie et autre Jim Morrison.

Malgré ce refroidissement, les Suédois ne se laissent pas démonter. Ils continuent à enregistrer et rencontrent leur public en Suède ainsi qu’au Japon. Les Spotnicks vivront leur dernier succès en 1972 avec une reprise de If You Could Read My Mind de Gordon Lightfoot qui deviendra l’hymne officieux des Jeux olympiques d’été.

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