L’Autre Dumas

Alexandre Dumas et son assistant Maquet sont les héros d’un film où brille le tandem Gérard Depardieu-Benoît Poelvoorde.

De Safy Nebbou . Avec Gérard Depardieu , Benoît Poelvoorde , Mélanie Thierry . 1 h 45.

Passionné de littérature, Benoît Poelvoorde ne pouvait que trouver intéressant d’incarner Auguste Maquet, celui qui fut, dit-on, le « nègre » d’Alexandre Dumas.

Condisciple au lycée de Gérard de Nerval et Théophile Gauthier, jeune enseignant apprécié à l’université, Maquet quitta cette dernière pour tenter une carrière dans la littérature. Présenté à Dumas par Nerval, il entama avec lui une fructueuse collaboration de plus d’une dizaine d’années, avant que les choses se gâtent et qu’un procès autour des droits d’auteur impayés les oppose.

Maquet finissant par accepter une somme en guise de dédommagement et renonçant du même coup à faire figurer son nom sur les oeuvres écrites à 4 mains avec Dumas… Précieux collaborateur ou « nègre » exploité? Ce que fut exactement Maquet pour Dumas fait toujours l’objet de théories divergentes. Les restes de mystère régnant sur la relation des deux écrivains ayant de quoi titiller l’imagination. Ainsi naquit la pièce Signé Dumas , écrite par Cyril Gely et Eric Rouquette, jouée au théâtre voici quelques années et qui sert de base au film de Safy Nebbou.


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L’option de la pièce, et du scénario de Gilles Taurand, est de présenter Dumas sous les traits d’un créateur puissant, riche en idées de génie mais préférant les jouissances de la vie aux rigueurs d’une besogne quotidienne à laquelle Maquet, décrit comme un bourreau de travail efficace et rapide, s’attela non sans nourrir quelque frustration. Cette vision des choses pourra être contestée par certains historiens de la littérature. Elle n’en fournit pas moins une matière humaine et dramatique de nature à nourrir un captivant duo/duel.

Pour incarner l’hédoniste Dumas, Gérard Depardieu s’imposait d’évidence. Certes (d’aucuns en font le reproche), l’acteur n’est pas quarteron comme l’était l’écrivain. Mais il en a le volume physique et l’aura intellectuelle. Ayant déjà incarné le mousquetaire Porthos dans L’Homme au masque de fer (au cinéma) et le Comte de Monte-Cristo (à la télévision), Depardieu connaît son Dumas et en trace un portrait d’auteur créant avec facilité, doublé d’un amoureux des bonnes et belles choses, d’un amant vorace aimant séduire la donzelle pendant que bosse Maquet.

De ce dernier, Benoît Poelvoorde donne une image d’homme de talent, de méthode et de discrétion, boulimique de travail mais finalement tenté (nous sommes là dans une pure fiction) d’être Dumas pour goûter aux plaisirs que s’offre avec tant de facilité ce dernier.

Poelvoorde tout en nuances

Après sa remarquable interprétation d’Etienne Balsan dans Coco avant Chanel , le comédien belge confirme qu’il endosse fort bien le costume du cinéma dit « d’époque », et encore mieux les nuances psychologiques de personnages complexes, fragiles, exprimant beaucoup à travers le non-dit.

Dans une reconstitution d’époque des plus simples mais assurément crédible, Safy Nebbou filme avec un classicisme pimenté de touches réalistes plus contemporaines (caméra à l’épaule, cadre serré). On remarque, face au tandem Depardieu-Poelvoorde, et dans le rôle d’une jeune femme prenant Maquet pour Dumas, le tout récent César du meilleur espoir féminin Mélanie Thierry.

Louis Danvers

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