Critique | Musique

GaBLé – MuRDeD

Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

POP | Il est tout beau. Il est tout frais. C’est l’heure de MuRDeD, le nouveau GaBLé. Encore un disque de pop joyeusement originale et détraquée.

GABLÉ, MURDED, DISTRIBUÉ PAR ICI D’AILLEURS. ****

C’est le genre de groupe qu’on aime et qu’on chérira encore longtemps. Bricolo mais pas cheap, malin mais pas petzouille, inventif mais pas prise de tête. Expérimental mais jamais branleur… GaBLé vous réconcilierait les cas les plus désespérés et les plus blasés avec un milieu indé français qu’on a rarement connu aussi audacieux et fêlé. GaBLé, c’est comme Beck et le Beta Band. Ça touche à tout. Rock, pop, (anti)folk, hip hop, musiques électroniques… Avec un esprit de sale gamin turbulent et énervé qui met les doigts partout où il peut pas.

Puzzles sonores

Deux ans après le formidable CuTe HoRSe CuT, à l’époque loué dans ces mêmes colonnes, le trio caennais continue de défier les conventions et de déstructurer ses mélodies, de jouer avec la musique et de s’amuser avec l’auditeur. Car tout en décalage et contre-pied, GaBLé est un artisan. Un ardent défenseur du do it yourself. Un inlassable combattant de la pop formatée et stérile qui gangrène les oreilles et anesthésie les tympans.

Il y a chez ces trois zigotos l’envie incessante de chipoter, de farfouiller, de triturer. Beaucoup se sont cassés les dents, jouant avec notre patience, dans ce genre de démarches et d’explorations. Se compliquant la vie pour mieux perdre le fil de leurs chansons. Gaëlle, Mathieu et Thomas évitent encore l’écueil. Slaloment sur une jambe entre les récifs. Disque d’une délicieuse inventivité, MuRDeD est encore une fois un grand bordel organisé, une espèce de bric-à-brac savamment agencé. De son propre aveu, GaBLé a toujours voulu faire sauter les schémas répétés et répétitifs de la pop music. Notant que son côté déstructuré était aussi dû à son amateurisme.

Après trois disques autoproduits emballés dans des artworks faits maison et trois albums sur le label anglais LOAF, les Normands se sont posés début 2012 et enfermés pendant quelques mois dans une maison de campagne pour écrire le successeur de CuTe HoRSe CuT. Accueillant plus d’instruments qu’à l’accoutumée, ils ont ensuite, en dadaïstes dans l’âme qu’ils sont, passé de longues semaines au collage.

Agé d’une dizaine d’années, GaBLé, fan autoproclamé de Sonic Youth, des Pixies et de Daniel Johnston (auquel le folk bancal de SeeDeD fait penser), n’atteindra jamais l’âge de raison. Trop sérieux. Pas assez excitant. Puzzles sonores qui évoquent les aventures jouettes d’un Psapp en plus déglingos, ses treize nouvelles chansons, improbables pour ne pas écrire surréalistes, sont comme ces oeuvres d’art créées à partir de cubes ou de Legos. Enfantines et bluffantes.

Un groupe composé de deux batteurs devenus guitaristes qui intitule une de ses chansons Drummers We Hate et son site Internet gableboulga.com (quoi, vous ne vous souvenez pas de Casimir?) ne peut avoir qu’une âme de gosse et un amusant sens de l’humour. Deux vertus précieuses en 2013 dans la trop sérieuse industrie du disque.

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