Potemkine: on a testé pour vous

Porte de Hal, dans le bas de Saint-Gilles: le Potemkine, café et cinéma à la fois, ouvre ses portes. C’était il y a un mois. L’occasion pour nous de le tester pour vous.

De bouches à oreilles, son nom se promène et au passage, soulève quelques paires de sourcils. Par curiosité. Ou bien quelques épaules. Par indifférence. C’est selon. Vos habitudes de sortie, votre âge, vos goûts et même votre adresse. Quoique. Si votre pied-à-terre se trouve de l’autre côté de Bruxelles mais que vous appartenez au public-cible du Potemkine, peut-être que le déplacement jusqu’à la Porte de Hal, vous le ferez malgré tout. C’est le cas de la plupart des nouveaux clients de ce café-ciné ouvert après 9 mois de travaux, le 25 juin, au début de l’avenue de la porte de Hal. Ils ne sont pas encore très nombreux ces clients. Alors entre les tables en bois verni et jusqu’au bar dans les même tonalités, on circule plutôt facilement. Et entre les hauts murs tapissés de photographies vieillies mais brillantes de ce qu’était le Potemkine avant d’être le Potemkine, on respire. Un peu plus que chez l’un de ses nombreux grands frères bruxellois comme le Belga. Il en a d’autres : le Walvis, ou le Bar du Matin par exemple. Leur géniteur côté déco ? Frederic Nicolay, designer de cette lignée de bars branchés à Bruxelles. Tout comme les propriétaire et gestionnaire du Potemkine, il maîtrise les codes de cette frange de la jeunesse Bruxelloise à qui il s’adresse. Celle qui se clame bobo mais qui semble plus bourgeoise que bohême. Celle qui aime discuter art et carrière autour d’un cocktail ou d’un verre de vin plutôt que d’une bière, sauf lorsque c’est une Volga, la nouvelle marque lancée par John Stargasm de Ghinzu. Celle qui, par-dessus ses lunettes presqu’aussi rétro que le Potemkine, aime voir autant qu’être vue. Celle qui aime parfaire sa culture en enchaînant expos, concerts et (bien sûr) en lisant le Focus Vif. « Avant même de rentrer, je savais déjà que ça allait me plaire, avoue Lucie, bruxelloise. Cet endroit est fait pour nous, les trentenaires un peu bobos de Bruxelles. »

« J’aime beaucoup de choses ici: la déco – la baleine cartonne! Les orangeades maisons – très originales! Et l’idée de projeter des films. J’espère que le Potemkine exploitera ce genre de différences plutôt que ses similitudes avec les autres bars. D’un côté, le fait qu’il s’inscrive dans la lignée des autres en fait une valeur sûre. Cela nous donne envie de le découvrir. De l’autre, si on nous ressort toujours les mêmes concepts, on va se lasser. Et ils vont uniformiser Bruxelles. » Sandrine, 28 ans.

En plus d’être trentenaire, bobo et (déjà) un brin m’as-tu-vu, le public-cible du Potemkine est cinéphile. Au moins deux fois par semaine, les soirs de projection. Là où ses fameux grands frères sont plutôt axés musique et expo, le Potemkine entend honorer le septième art. La programmation se veut éclectique -classique, pointue, et grand public à la fois. Au deuxième étage, se cache une minuscule salle de cinéma séparée du deuxième bar par une porte-paravent en bois qu’indique la barwoman avec un charmant et léger accent allemand. Elle la montre aux clients qui s’hasardent à monter les marches en bois pour trouver un calme à peine perturbé par la rumeur sourde du film qui a déjà commencé. Ce soir, c’est Bunker Paradise de Stefan Liberski à découvrir dans des fauteuils bas en cuir rouge aux accoudoirs en bois, une vingtaine, les mêmes qu’au balcon avec vue sur le squelette de baleine conçu par Vincent Glowinski . Vous pourrez y finir votre verre en redécouvrant des films qui ont marqués les esprits comme West Side Story, en en découvrant d’autres à côté desquels vous seriez passés ou peut-être même, plus tard, des films étudiants, mais pas amateurs pour autant, en mal de visibilité. « On ne cherche pas des films trop pointus ou trop ‘cinéma d’auteurs’. La Cinematek , par exemple, le fait déjà très bien, explique Frederic Maes, gérant du Potemkine. Nous voulons cependant attirer des personnes qui aiment le cinéma, qui ont envie d’en discuter et qui le font autour d’un verre, dans un endroit qui est vivant. » L’originalité du Potemkine, en hommage au film muet, réside dans ce concept que la décoration laisse transparaître. C’est ce qui lui confère une atmosphère unique. Une âme qu’il doit aussi à son histoire. « Il y a une cinquantaine d’années, c’était un complexe de cinéma. Il s’appelait Tivoli. On s’en est inspiré pour lui donner l’âme de vieux cinéma, de ciné-club, de cinéma de quartier. »

« Mon ami Dan habite à côté et une de ses clientes l’a conseillé de venir. Nous venons de Londres. Pour avoir travailler là-bas dans l’industrie du bar pendant longtemps, on peut vous assurer que ce bar va cartonner. Le style est sobre, simple, chaleureux, les cocktails sont très bons, et en plus on peut voir des films! C’est la première fois qu’on vient, et on va carrément revenir! » Aurore, 25 ans.

Le Potemkine séduit . Et malgré la concurrence ailleurs, il vit. Mais pas au même rythme que son quartier. En longeant l’avenue, le spectacle hype &chic que laisse entrevoir la haute baie vitrée en forme de paravent opère un tel décalage avec le paysage urbain de la porte de Hal qu’il dénote, interroge, impressionne. Le Potemkine ne s’adresse pas à la grande majorité des habitants d’un quartier qu’il cherche pourtant à faire revivre. « Nos évènement sont gratuits, c’est bien la preuve qu’on ne s’adresse pas qu’à un seul public. Mais ce quartier fourmille de communautés différentes -portugaises, marocaines, espagnoles- qui ont déjà leurs habitudes, s’explique Frederic. C’est donc sûr, elles ne vont pas venir chez nous d’un premier abord. Nous avons tout de même voulu nous installer ici, dans le bas de Saint-Gilles, car c’est un quartier mixte, pas établi, qui évolue beaucoup. C’est ce genre de quartier qui fait bouger et évoluer une ville. » L’ initiative est audacieuse. L’intention est louable: mixer le tissu social bruxellois. Brasser des populations qui n’en ont pas l’habitude. Mais en ne s’adressant qu’à une partie des protagnistes, le risque, c’est juste que ces populations se croisent. Sans jamais se rencontrer.

 » Le Potemkine risque de devenir le même type de bar « mas-tu-vu » que son voisin, la Maison du Peuple, ou encore le Belga et le Bar du Matin. Mais c’est quand même une bonne initiative, surtout pour le quartier. Saint-Gilles est une de mes communes préférées, mais certaines rues manquent de vie. Si la Porte de Hal devient un lieu aussi phare que le Parvis, le Potemkine apportera plus de vie et plus de monde pour les commerçants du coin. » Flavie, 23 ans.

Lydie.m (stg)

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POTEMKINE from Deba Photo on Vimeo.

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