Sambaloji: épisode 3

© Laurent Hoebrechts

Troisième étape de la tournée brésilienne de Baloji: Rio ! Avec le soleil, la plage, et un concert-cascade

Il faut parfois se laisser aller aux illusions. Pas se laisser bercer. Mais les prendre telles qu’elles. Accepter le cliché, embrasser la carte postale. On est donc à Rio, et sous le soleil carioca, on marche sur le sable de Copacabana. Oui, parfaitement. Normalement, dans ce genre de situation, c’est à ce moment-là que la réalité vous rattrape et vient mettre un bon coup de boule à vos fantasmes exotiques. Sauf que là, non. Tout est là. Le cagnard tropical, le sable fin, les filles en maillot, les mecs qui jouent au football, les gamins qui sautent dans les roulis de l’océan Atlantique, et le Pain de sucre au loin qui s’avance dans la mer. On entendrait presque la guitare de Tom Jobim…

Bien sûr, la légende a pris un petit coup dans l’aile. Copacabana n’est plus la plage la plus tendance de Rio. Mais ce qu’elle a perdu en prestige, elle l’a gagné en cachet. Une patine fifties-sixties dont profitent les rues du quartier.

C’est dans l’une d’elle que Baloji et l’orchestre de la Katuba jouent ce soir, à l’espace Sesc, rue Domingo Ferreiras. Particularité du jour: la scène est au centre, comme au milieu d’une arène. Combiné avec un plafond assez bas, l’endroit fait l’effet d’un petit cocon, jauge de 400 places qui sera bien remplie.

Si la configuration est originale, elle est aussi plus compliquée à mettre en place. Pour le son, notamment. En toute fin de balance, Arnaud, l’ingé son, bouillonne:  » Je reprends l’avion direct pour Bruxelles !  » Pourtant, quand le concert démarre, sur le coup de 20h20, la machine Katuba est directement en place. Pas de round d’observation comme la veille, à Brasilia. Ici, le public rentre tout de suite dans le jeu. C’est clair, ce soir, ça va le faire. D’ailleurs, Dizzy Mandjeku, alias Papa Dizzy, ancien du légendaire OK Jazz, paraît encore plus flegmatique que d’habitude. C’est bon signe: le BB King kinois est en forme… Indépendance Cha Cha qui fait se balancer les filles, puis La Petit Espèce qui se termine en funk jamesbrownien. Baloji est particulièrement survolté, tournant comme un fauve. Il y a bien l’un ou l’autre couac, mais l’énergie dégagée compense et emporte tout sur son passage. Comme d’habitude, les 20 minutes de Tout ça ne vous rendra pas le Congo terminent le set. Applaudissements, sourires, rideau. Une bonne claque.

Pourtant, en coulisses, Baloji fulmine.  » Il y a eu des problèmes techniques, j’ai fait tomber des micros, décroché des fils. C’était la guerre, un vrai concert de merde.  » Vu du public, on n’a quasi rien remarqué, calé par l’électricité du moment. C’est ce qui s’appelle faire joliment illusion. Quand on vous disait…

Laurent Hoebrechts, au Brésil

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