Moaning Cities: genèse d’un premier album planant

Moaning Cities présentait son premier album samedi dernier au Botanique © Caroline Lessire
Elisabeth Debourse Journaliste

Les Bruxellois de Moaning Cities fêtaient la sortie de leur tout premier album au Botanique, samedi dernier. Retour sur l’élaboration du disque et les débuts du groupe avec Valérian Meunier et Bertrand Gascard, chanteur et guitariste de la formation.

Un bâton d’encens fume sur la batterie, les pieds nus du sitariste sautillent en rythme sur les tapis orientaux qui recouvrent la scène de la Rotonde, tandis que la voix de Valérian Meunier explose à la fin de l’une de ces montées exaltées qui baliseront le concert tout du long. Un flux d’énergie traverse la salle, émotion ardente et jouissive. Ensuite, le rock tribal aux riffs lourds et vodouisant se fait plus planant avec les premiers accords de sitar. Le ton est donné: le premier album que présente Moaning Cities ce soir, Pathways Trough the Sail, est d’un psychédélisme explosif, à faire gémir plus d’une ville.

De la crypte au sitar

Le groupe s’est monté au fil des rencontres et des amitiés. Au commencement, il y a Valérian et Bertrand, tous deux guitaristes. Lorsqu’ils rencontrent Grégory Noël, batteur, l’envie de monter un groupe était déjà présente depuis longtemps. Ils jouent alors dans une crypte, un souvenir dont ils se rappellent goguenards, sans doute parce que c’est là un trip de grands gamins. « On a commencé à jouer à trois, à faire des ébauches de morceau. C’est là qu’on a vraiment appris ce que c’était de faire une chanson », se souvient Valérian. Mais l’aventure Moaning Cities débute réellement lorsque Juliette, la soeur du chanteur, se joint à eux après un long séjour à Manchester où elle a appris la basse. Après un premier morceau sorti en décembre 2011, ils rencontrent Timothée Sinagra, le chaînon mystique manquant, orientalise leur style de son sitar.

Moaning Cities sort son premier EP en septembre 2012, entièrement autoproduit. Ils commencent alors à tourner, enchainant une vingtaine de dates en Belgique et en France en 2013. « Les morceaux évoluaient petit à petit, et on les testait en concert. Ça nous a permis d’avoir un peu de recul sur nos compositions », raconte Valérian.

« En studio, on forme une bulle autour de nous »

En août dernier, le groupe se retrouve dans un studio bruxellois pour enregistrer son premier album, Pathways Trough the Sail. Ils fonctionnent alors de la même façon qu’en tournée, s’isolant complètement du monde extérieur. « On vit pratiquement ensemble, on se quitte juste pour dormir. Même si t’es pas tout le temps en train d’enregistrer, t’es là, tu écoutes ce que font les autres, tu te concentres… Tout le monde donne son avis. C’est aussi une forme de confiance. Ça permet de pousser les choses plus loin et ensemble. C’était une super expérience », explique Bertrand. Valérian continue: « Ce qui est chouette avec le studio, c’est que c’est une discipline différente du concert. Ça n’a vraiment rien à voir. Il y a des échanges qui sont très riches avec les gens avec qui on travaille. Les morceaux sont prêts dans notre tête, mais il y a vraiment des choses qui se font sur le moment-même. »

Malgré cela, le groupe considère que cet album est le fruit d’un « accouchement difficile », comme l’explique Bertrand: « On a d’abord sorti une première ébauche, dont on n’était pas super contents. Tout le monde avait le nez dans le guidon. » « On mixait à la maison, donc cet album était tout le temps dans l’air, appuie le chanteur. On vivait et on dormait dessus. »

Comme une odeur de cambouis et de patchouli

Si la scène rock-psyché belge n’en est qu’à ses premiers frémissements, les influences de rock américain d’hier et d’aujourd’hui sont quant à elles bien présentes dans Pathways Trough the Sail. Pourtant, sonner comme les Black Angels ou les Doors avec une pointe d’orientalisme hippie, ça ne s’improvise pas. « On a essayé de faire un travail particulier sur le son », explique Valérian. Une ambition qui fut l’un des fils conducteur de l’enregistrement et du mixage du disque.

Pour le mastering par exemple, Moaning Cities fait appel à Chris Keffer, un américain qui a notamment travaillé sur l’album Magic Potion, des Black Keys, avec Radio Moscow et Black Diamond Heavies, trois groupes que le quintette belge affectionne tout particulièrement. « Ça a amené une cohérence à l’ensemble de l’album, même s’il y a des morceaux très différents », explique Valérian. « Chris avait vraiment une couleur dans ses albums, c’est ce qui nous plaisait. Et puis, on a eu un bon contact », ajoute Bertrand. Pourtant, cela se limite à des échanges d’e-mails à travers l’Atlantique. « C’est un paradoxe assez marrant: on voulait faire un truc à l’ancienne, avec des vieux sons bien sales et puis au final, tout se fait avec les nouvelles technologies. « 

Les cinq membres du groupe reviennent tout juste d’une tournée chez nos voisins français, où ils ont notamment assuré la première partie de Holy Waves. Après quelques petites scènes locales, comme la dernière édition du Deep in the Woods, ça y est, Moaning Cities prend son envol. Leur prochain concert aura lieu en mars prochain, avec les Californiens de The Warlocks. « Les Warlocks c’est un groupe que j’ai découvert en 2003, c’était un des premiers concerts que je voyais au Bota », raconte Valérian. « L’idée de jouer avec eux, dix ans plus tard… C’est clair que ça fait plaisir. » Petite joie de l’un de ces jeunes groupes belges pas encore tout à fait conscient de la probable belle carrière qui les attend.

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