Somebody to love

© Fahd Zadouh
Estelle Spoto
Estelle Spoto Journaliste

Myriam Leroy signe sa première pièce de théâtre, Cherche l’amour, montée au TTO. Focus était à la première.

Ce qu’elle est agaçante, Myriam Leroy. Jeune, jolie, brillante, aussi à l’aise devant une caméra que derrière le micro d’une radio ou sur un clavier à pondre du texte, la voici qui réussit haut la main la mission, confiée par Nathalie Uffner, la maîtresse des lieux et metteuse en scène de la commande, de faire rire aux éclats la salle du TTO avec la première pièce écrite entièrement de sa blanche main (elle avait déjà participé l’an dernier à un Juke Box composé à sept en mode cadavre exquis). Cherche l’amour : tout est dit dans le titre. Dans un bar, on assiste à une série de rencontres orchestrées par Tinder, AdopteUnMec.com, coupleslibertins.com ou, à l’ancienne, par un ami commun.

L’occasion d’une galerie de portraits brossés à gros traits, mais efficaces et où chacun reconnaîtra l’un ou l’autre de ses petits travers. On assiste au dernier rendez-vous de Sophie, prof de céramique callipyge, et François, garagiste ventru qui « ne veut pas que baiser, mais veut se caser », à la première rencontre d’une femme-grenouille et d’un faux Russe mais vrai Polonais tous deux fans de papier carré et plié, au dialogue de sourds d’un (très) vieil homo des champs et d’un (très) vieil homo des villes et au petit jeu des « tu préfèrerais » (avoir des dents en mousse ou des mains en papier ?) de deux eurocrates. Le tout ponctué de sentences incisives qui captent l’air du temps. Notre préférée ? « L’amour s’arrête à la première visite à IKEA ».

Passant de l’un à l’autre derrière le rideau translucide du fond de scène ou carrément à vue, notamment à l’aide de pantalons à scratch qui s’arrachent façon Chippendales, ils sont quatre à porter cette foule bigarrée de personnages : Sandy Duret, Pierre Poucet, Marc Weiss et Myriem Akheddiou qui, après son double rôle en début de saison dans L’Île au trésor au Parc, prouve à nouveau ses dons caméléonesques. On s’amuse à reconnaître qui est qui et on se prend au jeu du blind test des tubes en anglais et en français déclinés en reprises rythmant l’ensemble, de Cry Me a River à Confidence pour confidence.

Plus fort encore, dans un final où on laisse tomber perruques, postiches et faux-culs et où la musique quitte ses travestissements (George Michael chante George Michael sur le sax langoureux de Careless Whisper), Myriam Leroy réussit à toucher la corde sensible en parlant d’amour au-delà des clichés. Décidément, c’est enrageant, cette fille sait tout faire.

Cherche l’amour : Jusqu’au 26/11 au TTO à Bruxelles

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