Pourquoi le spectacle Gala nous a mis la banane jusqu’aux oreilles

Gala de Jérôme Bel © Josefina Tommasi
Estelle Spoto
Estelle Spoto Journaliste

Dans Gala, Jérôme Bel, l’empêcheur de tourner en rond de la danse contemporaine hexagonale, réunit des amateurs pour célébrer le plaisir de danser. C’est diablement bien construit et c’est contagieux.

Est-ce à cause des costumes bigarrés? Il y a un petit côté pub Benetton qui se dégage de ce spectacle créé à Bruxelles au Kunstenfestivaldesarts en 2015 et qui retrouve son casting original après avoir sillonné la planète, de New York à Adelaide et de Varsovie à Singapour. Un petit côté « United Colors ». « On est tous différents, mais on s’entend vachement bien. » Il faut dire qu’au niveau du casting, le chorégraphe français Jérôme Bel est allé chercher ce qu’il y a de plus éloigné des canons des interprètes de danse contemporaine: des seniors, des très grands, des bien-en-chair, des enfants, des ados et même une personne à mobilité réduite. Soit un groupe hétéroclite d’amateurs auquel il intègre -Jérôme Bel est un malin- une poignée de danseurs professionnels, dont les corps parfaits et les performances virtuoses renforcent les contrastes.

Dans la première partie de ce Gala, chacun à son tour se présente sur scène pour effectuer une figure imposée: pirouette classique dans un sens puis dans l’autre, grand jeté dans une traversée en diagonale, moonwalk à la Michael Jackson… Chacun s’acquitte de la tâche selon ses capacités et sa bonne volonté -Ah! La nonchalance des ados!, Ah! La spontanéité des enfants!- et c’est tellement énorme que finalement, c’est lorsque les pros exécutent parfaitement l’exercice que l’hilarité s’empare de la salle. Parce qu’on mesure le fossé entre la danse « de tout le monde » et la danse « d’en-haut », celle qui s’apprend, durement. Parce qu’on saisit la force des codes. Dans la seconde partie -une dizaine de séquences-, un des danseurs du groupe vient prendre toute la lumière en interprétant sa propre chorégraphie, sur la musique de son choix, suivi tant bien que mal par tous les autres. On passe du Lac des cygnes à Lykke Li, de Flashdance à une salsa et chacun brille à sa façon, dégageant de façon irrésistible le plaisir qu’il a à danser. Avec ce Gala simple en apparence mais terriblement bien pensé, Jérôme Bel réussit à ce que chacun quitte la salle avec une banane jusqu’aux oreilles et l’envie de se remuer.

Gala, vu le 15 décembre au Kaaitheater à Bruxelles, www.kaaitheater.be

>> (Re)lire également notre interview de Jérôme Bel.

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