Le Festival des Libertés en 5 documentaires à voir

Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Outre du théâtre, des concerts, des expos et des débats, le Festival des Libertés accueille au Théâtre National et au KVS une compétition internationale de documentaires. Avant-goût.

On se demande un peu, certes, ce que vient y faire Ghinzu qui n’a jamais été le groupe le plus engagé qui soit. Mais c’est bien au Festival des Libertés que John Stargasm et ses troupes effectueront, les 23 et 24 octobre (du calme, c’est complet), leur grand retour sur les scènes belges après cinq longues années d’absence. Si l’événement organisé par l’ASBL Bruxelles Laïque au Théâtre National et au KVS accueillera Calexico en mode Mexico, Arsenal en visite au Japon, le reggae de Danakil et Tiken Jah Fakoly et les Anglais de Morcheeba, il proposera aussi du théâtre: un spectacle du collectif hip hop NoMoBS (Wachten op Gorro) et David Murgia qui interprète un texte grinçant de Celestini (Discours à la nation). Une compétition de documentaires et évidemment des débats (Les Urnes ou la rue, d’où vient le changement? Liberté piège à cons?), cette édition 2015 visant à interroger les différentes modalités de la confrontation. Le rendez-vous pluridisciplinaire se veut politique et artistique, festif et subversif. FREEDOM! J.B.

The Look of Silence

DE JOSHUA OPPENHEIMER. THÉÂTRE NATIONAL, 31/10, 20H45.

Le Festival des Libertés en 5 documentaires à voir
© DR

Avec The Look of Silence, Joshua Oppenheimer poursuit le travail entamé, en 2012, avec l’incroyable The Act of Killing. Le documentariste américain y revient, 50 ans après, sur le génocide ayant coïncidé avec la prise de pouvoir des militaires en Indonésie au coeur des années 60, et resté depuis impuni. Mais si le premier volet donnait la parole à des bourreaux ne montrant pas le moindre signe de repentir, en quelque voyage au bout de l’horreur, le second volet du diptyque s’intéresse pour sa part à leurs victimes, suivant un homme dans sa confrontation avec les assassins de son frère. Le résultat n’est guère moins ahurissant, et le périple aussi intense qu’éprouvant, qui s’insinue cette fois au plus profond de la peur, muette et assourdissante, rongeant la société indonésienne. Non sans résonner aussi, par-delà les menaces, comme un émouvant appel à une délicate réconciliation. Soit un film magistral, bouleversant et fort à la fois. J.F. PL.

Democrats

DE CAMILLA NIELSSON. KVS, 24/10, 21H.

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Filmé sur une durée de trois ans, Democrats plonge dans les coulisses de la politique zimbabwéenne alors que le toujours aussi populaire, dictatorial et homophobe président Robert Mugabe (au pouvoir depuis que le pays a acquis son indépendance en 1980) accepte, sous la pression internationale, une réforme constitutionnelle. Elu meilleur documentaire au Festival du film de Tribeca, il suit les deux principaux politiciens mandatés pour négocier l’avenir du pays. Un représentant du pouvoir et un autre de l’opposition invités à élaborer cette nouvelle constitution censée introduire une vraie démocratie et limiter les pouvoirs du président. En levant le voile sur ce processus interminable freiné par des négociations compliquées, une consultation populaire foireuse, des magouilles et des coups bas, la Danoise Camilla Nielsson raconte deux hommes que tout semble opposer. Passionnant et inquiétant quant à l’avenir démocratique de l’Afrique. J.B.

L’Abri

DE FERNAND MELGAR. THÉÂTRE NATIONAL, 22/10, 19H.

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Tous les soirs, c’est la même rengaine. La même foire d’empoigne. Le même crève-coeur. Alors que l’hiver se durcit, des dizaines de sans domicile fixe se bousculent aux portes de L’Abri pour passer la nuit au chaud. L’austère centre d’hébergement lausannois aux allures de bunker n’a pas de lits pour tout le monde. Place donc aux femmes et aux enfants d’abord. Puis les veilleurs, la mort dans l’âme, auront l’ingrate tâche de trier les pauvres. Des réfugiés et des migrants, certains ayant tout perdu en voulant tenter leur chance sur le Vieux Continent. Mais aussi des Européens qui essaient d’échapper à l’effondrement de leur économie. Regards vides, visages fatigués, corps affamés… Fernand Melgar filme avec beaucoup de justesse le désespoir et le désarroi. Des familles en détresse et un personnel impuissant. Une oeuvre poignante on ne peut plus d’actualité en pleine crise des réfugiés. J.B.

The Internet’s Own Boy

DE BRIAN KNAPPENBERGER. THÉÂTRE NATIONAL, 30/10, 19H.

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Enfant du numérique, Aaron Swartz est né avec un clavier dans les mains et un disque dur à la place du ciboulot. Improbable destin d’un jeune surdoué: le prodige crée à douze ans l’ancêtre de Wikipédia (The Info Network), co-élabore à quatorze balais la technologie qui permet d’être informé en temps réel des mises à jour de pages Web (RSS). Et entre, à seize piges, à l’Université de Stanford… Mais qui se cachait derrière ce gamin millionnaire qui détestait la fac et le monde de l’entreprise? Ce génie de l’informatique qui a lutté de toute son intelligence pour les libertés numériques et l’accès gratuit, pour tous, aux données publiques et scientifiques et, poursuivi pour l’exemple devant les tribunaux, s’est suicidé à 26 ans avant même son jugement? C’est ce que raconte The Internet’s Own Boy, portrait intime (mais moins exceptionnel que son sujet) d’un étonnant activiste. J.B.

Burden of peace

DE JOEY BOINK ET SANDER WIRKEN. KVS, 26/10, 19H.

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Comment amener la paix et la justice dans un pays où 20 personnes sont assassinées tous les jours, où les barons de la drogue commandent les rues d’un Etat gangréné par la corruption et l’impunité? On est au Guatemala. La magistrate Claudia Paz y Paz vient d’être nommée Procureur général et derrière son apparence douce et bonhomme entend bien combattre la criminalité organisée, les scandaleux arrangements entre amis et les violations à répétition des droits de l’homme. Forbes l’a classée en 2012 parmi les cinq femmes les plus puissantes pour changer le monde et Paz y Paz fut considérée en 2013 comme l’un des principaux candidats au prix Nobel de la paix. Elle n’en est pas moins confrontée à la cruelle réalité du terrain. Notamment dans ses poursuites pour génocide de l’ancien militaire et dictateur Efraín Ríos Montt. Le récit effrayant, mais assez conventionnel, d’un combat perdu d’avance. J.B.

DU 22 AU 31/10. WWW.FESTIVALDESLIBERTES.BE

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