D Festival, « avec un D comme danse »

Le Terrier © Oleg Degtiarov

La 7e édition du D Festival qui met la danse contemporaine à l’honneur a commencé ce mardi 30 mai et se tiendra jusqu’au 10 juin. Rencontre avec Joëlle Keppenne, directrice du Théâtre Marni, désireuse de promouvoir un art pas si fermé que ça…

Pour cette nouvelle édition du D Festival, le Théâtre Marni (Ixelles) et le Théâtre Les Tanneurs (Bruxelles Ville) se sont associés à un nouveau partenaire, le Senghor (Etterbeek), dans un objectif commun: promouvoir la danse contemporaine auprès du public bruxellois.

Cette année, 7 spectacles différents sont proposés et mettent en scène des artistes issus d’univers et d’horizons riches et diversifiés. Ici, la danse résonne et dialogue avec notre monde constamment en mouvement. Elle devient résistance, refuge, cri d’espoir ou de désespoir, moteur. Qu’il s’agisse de Florencia Demestri et de Samuel Lefeuvre avec leur spectacle Le Terrier, de Sara Sampelayo avec Odium ou encore d’Elodie Donaque qui signe Eymen, les chorégraphes présents – tous ne sont pas cités – questionnent chacun à leur manière diverses composantes du monde, de l’humain et des rapports qu’ils entretiennent. Un questionnement via la danse mais qui passe aussi par la musique et la photo, avec notamment l’exposition Anthropomorphe d’Aëla Labbé et le concert de New Orleans.

Sensibiliser à long terme

La danse contemporaine, on ne peut pas dire que ce soit un art très fédérateur. Comme le souligne Joëlle Keppenne, ce n’est pas évident d’attirer du public. « On a la fausse impression que la danse contemporaine est un art assez fermé, surtout aux yeux du large public qui ne connaît pas cet art« , explique-t-elle. Un sentiment que la directrice du théâtre aimerait bien faire disparaître. C’est sûr qu’un public averti aura une sensibilité accrue et sera beaucoup plus critique vis-à-vis des artistes et de leurs représentations mais la danse s’adresse à tous et libre à chacun d’interpréter ce qu’il voit comme il l’entend. « Notre objectif avec ce festival, c’est de faire découvrir de jeunes artistes contemporains au public bruxellois et surtout d’attirer un nouveau public. On croise souvent les mêmes personnes dans ce secteur artistique. On veut que le public bouge, soit curieux et découvre de nouveaux lieux« , détaille notre hôte. Un objectif partagé par ses partenaires et qui s’inscrit dans la durée. Car la sensibilisation aux arts, plus particulièrement à la danse, se fait dès le plus jeune âge et celle qui est à la tête du Marni le confirme: « Avant le D Festival, on a organisé le Mini D, un festival de danse aussi mais composé de 4 spectacles adressés à un public nettement plus jeune. On veut vraiment sensibiliser dès l’enfance, donner une certaine ouverture d’esprit et donner l’envie de découvrir. On essaie de construire quelque chose de cohérent et de durable.« 

Odium
Odium© Sara Sampelayo

Partenaires pour mieux faire

« Soutenir les jeunes compagnies fait partie des missions du Théâtre Marni« , insiste la directrice de ce dernier. Aucun doute la dessus, le D Festival témoigne de la volonté indéfectible des 3 partenaires de donner plus de visibilité aux artistes. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que les deux théâtres et le centre culturel Le Senghor – qui a intégré la bande cette année – se sont associés pour ce projet, en témoignent les dires de notre interlocutrice: « On a choisi de s’associer au Senghor car il est proche de nous géographiquement et est l’un de nos partenaires pour tout ce qui touche au jazz. Cette proximité nous permet de faire des soirées mélangées pendant lesquelles le public peut voyager d’un lieu à l’autre. » Qui plus est, le fait que l’événement soit départagé entre 3 lieux différents permet de créer une énergie nouvelle et différente mais aussi d’attirer un public fort diversifié et plus important. « Quand on fait un ‘focus’ en association avec d’autres lieux, la presse est plus intriguée, mais on attire également plus d’artistes et plus de public. En plus, du fait que nous sommes situés dans 3 communes différentes, on couvre une superficie plus large, donc plus de monde« , affirme Joëlle Keppenne. Et même si chacun des 3 acteurs a des missions bien spécifiques, leur association ne crée aucune entrave à leurs objectifs respectifs. D’ailleurs, chacun fait sa programmation avec ses propres spécificités et, malgré tout, l’ensemble de l’affiche reste cohérent et réfléchi.

Eymen
Eymen© Fred Chemama

Soutenir de A à Z

Le D Festival présente essentiellement de jeunes compagnies basées sur la capitale belge. La responsable du Marni rappelle à quel point « Bruxelles à une énorme densité d’artistes, de danseurs et de chorégraphes, d’origines variées. La ville est une belle plateforme pour la danse et plusieurs institutions en programment. De plus, il y a une certaine ouverture d’esprit qui attire les artistes. » Et ces derniers ne ressortent pas toujours indemnes de l’étrange monde qu’est celui de l’art. La création d’un spectacle de danse peut prendre des années, nécessite des ressources considérables, tant matérielles, que financières et humaines. Joëlle Keppenne, consciente de cet investissement considérable, ne veut pas seulement offrir aux artistes un lieu où se produire un ou deux fois; elle tient à les soutenir solidement, durablement et à ce qu’une réelle relation de confiance s’installe. « On essaie de rester attentifs aux artistes qui sont déjà venus au Marni pour continuer de soutenir leur projet sur le long terme selon nos possibilités. On veut les appuyer dans leur démarche de création qui prend parfois beaucoup de temps et d’énergie en leur donnant la possibilité de jouer plusieurs fois. Ça leur donne aussi une meilleure visibilité« , affirme la dirigeante du théâtre en question. Et, à priori, même si certains risques mesurés sont pris, même si « rien n’est acquis« , le jeu en vaut la chandelle et le D Festival sait sur quel pied danser…

Calvin Van der Ghinst

D Festival, jusqu’au 10 juin au Théâtre Marni, Théâtre Les Tanneurs et au Senghor. www.theatremarni.com, www.lestanneurs.be, www.senghor.be

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