[Critique théâtre] Danser sur le ring

Boxe Boxe Brasil © Michel Cavalca
Estelle Spoto
Estelle Spoto Journaliste

Dans Boxe Boxe Brasil, Mourad Merzouki fond les gestes de la boxe et ses accessoires dans un ballet contemporain au parfum brésilien. Tellement virtuose que la standing ovation s’impose.

Par quel autre symbole commencer lorsqu’on veut rendre hommage à la boxe? C’est par un gant, immédiatement suivi d’une dizaine d’autres, sortis d’un ring miniature comme d’un castelet de marionnettes, que démarre Boxe Boxe Brasil. Mais le chorégraphe français Mourad Merzouki, qui a pratiqué le « noble art » dans son enfance avant même de devenir danseur, passe en revue d’autres éléments liés à ce sport: le sac de frappe, le punching ball, les pattes d’ours… et l’arbitre, ici en version bedonnante mais agile, capable d’enchaîner des figures de break dance malgré sa panse rembourrée, fil rouge amenant une touche d’humour assez inattendue aux différents tableaux. Et puis bien sûr, il y a les boxeurs, ou plus exactement des danseurs, brésiliens, formés à la boxe, à la musculature à toute épreuve, formidables d’endurance et de pugnacité. Chacun dans son style, ils enchaînent coups de poings, coups de pieds et jeux jambes en lorgnant tantôt sur la danse hip-hop, tantôt sur la danse contemporaine et tantôt sur la capoeira -offrant ainsi un séduisant accent brésilien à cette version d’un spectacle créé en 2010 et simplement intitulé à l’origine Boxe Boxe.

Par rapport à l’imaginaire de la boxe, Mourad Merzouki joue principalement sur la forme, laissant judicieusement au quatuor à cordes Debussy le soin de porter les émotions. Il faut saluer la performance des quatre musiciens, qui jouent tout en se déplaçant sur de hauts sièges en métal forgé. Leur bande-son live, propulsée par le thème A Carta de Dora du film Central do Brasil de Walter Salles, bruite les actions, joue sur les contrastes et soutient l’énergie. Un bel atout de ce spectacle qui constitue une porte d’entrée idéale pour découvrir la danse d’aujourd’hui.

Boxe Boxe Brasil, jusqu’au 27 janvier à Wolubilis (complet), www.wolubilis.be

A voir aussi: Cartes blanches – compagnie Käfig, où Mourad Merzouki réunit plusieurs danseurs qui ont marqué sa compagnie en 20 ans, le 30 janvier au PBA à Charleroi, www.pba.be

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