Apocalypse Bébé au Théâtre Varia

Eline Schumacher dans le rôle de Valentine © Théâtre Varia
Lola Contessi Stagiaire

Le roman de Virginie Despentes est adapté au théâtre par Selma Alaoui dans une pièce pailletée et féministe. Comme promis, après Liège, Namur et Mons, ce road-trip prend ses quartiers au théâtre Varia du 7 au 25 mars.

L’adaptation à la scène du célèbre roman de Virginie Despentes Apocalypse Bébé par Selma Alaoui faisait en septembre 2016 l’ouverture de la saison du Théâtre de Liège. Le road-trip féministe et pailleté fera comme promis escale au théâtre Varia du 7 au 25 mars.

Entre deux métros, Valentine a disparu. C’est la panique dans le petit bureau de détectives chargé de la garder à l’oeil. Selon les rumeurs, l’adolescente serait surexcitée, turbulente et nymphomane. Lucie, détective du dimanche, ne se sent pas la carrure pour mener l’enquête et La Hyène est rapidement mise sur l’affaire. Redoutable, la jeune femme rassemble les témoignages, enchaine les clopes et drague les minettes de sa voix rauque. Les deux femmes s’engagent dans un road-trip policier et initiatique à l’issue duquel l’adolescence, l’amour, l’homosexualité, les violences urbaines, le paternalisme et le fanatisme seront farouchement disséqués.

La verve de Virginie Despentes est transposée à la scène à coup de paillettes, de gros plans émotifs, de musique électro et d’éclats de violence. Les mots de la plus rock’n roll des auteures féministes ont trouvés sur le plateau de Selma Alaoui un écho puissant. La jeune femme assume ses origines, son féminisme et un style sans concessions, comme elle nous l’expliquait en septembre dernier. Après des études en lettres classiques, Selma Alaoui entre à l’INSAS où elle se forme à l’interprétation et à la mise en scène. La jeune femme écrit également et les créations dans lesquelles elle s’affirmera réellement seront des mises en scène de ses textes. Dans I Would Prefer Not To et particulièrement dans L’Amour, la guerre, elle fait ses armes. Des vidéos, beaucoup de rythme, une analyse de l’amour et de la violence: elle se forge un style qu’elle reproduit dans Apocalypse Bébé.

Pour relater la construction identitaire d’une jeune fille à l’ère moderne, sa lutte contre les modèles adultes faillibles qu’on tente de lui imposer et sa quête effrénée d’affection, elle récupère les codes du polar. Une violence omniprésente, un rythme soutenu inspiré du cinéma, des gros plans sur les sentiments, une bande son électro-pop et une voiture pour le côté road-trip: elle mixe le tout à sa façon, avec émotion. Si elle intègre des écrans sur le plateau, elle n’a pas besoin des artifices du cinéma ou de la violence crue de Baise-moi, le film controversé de Virginie Despentes. La voix glaciale et rocailleuse de Marie Bos (alias La Hyène) traverse les tympans pour toucher au coeur et faire vibrer les cordes de la peur. C’est une petite révolution que cette enquêtrice lugubre, sexy et terriblement macho qui siffle les filles et parle comme un garçon. La pièce est sombre et violement critique à l’image du texte dont elle s’inspire, mais elle rayonne comme son actrice Eline Schumacher. En Valentine, elle bondit au rythme d’Odezenne. Enfantine et provocante, superhéroïne des temps modernes, elle se couvre de paillettes et défie l’ordre patriarcal. Ces personnages puissants brisent les clichés et traversent les frontières. Entre les appartements bourgeois, les banlieues françaises et le Barcelone gay, ils nous entrainent dans un road-trip immobile.

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Apocalypse Bébé de Selma Alaoui/Virginie Despentes, du 7 au 25 mars au Théâtre Varia, Bruxelles. www.varia.be

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