Wild Beasts et Money au Botanique: les intellectuels de la pop

Wild Beasts © Klaus Thymann
Lisa Burek
Lisa Burek Stagiaire

Le Royaume-Unis s’est emparé de l’Orangerie ce mardi 15 avril. Wild Beasts et Money ont déversé leur pop subtile, plus intéressante que certaines compositions mielleuses dont le genre s’accrédite parfois.

« Il existe comme une obsession à ne pas vivre au présent », murmurait Tom Fleming à Sound Of Violence, sous la véranda parisienne nichée derrière les nouveaux locaux de Domino Records. Une obsession que les Anglais ont essayé d’appréhender avec la profondeur musicale dont ils sont capables. Present Tense était alors né de cette réflexion, comme la nécessité d’en finir avec le Temps qui file chaque fois que l’on pense à demain, que l’on regrette hier et que l’on oublie d’être ici et maintenant. Ce soir dans la salle de l’Orangerie du Botanique, Wild Beasts tentera d’échapper aux filets du Temps quand Money, sa première partie, se laissera aller avec malice.

I want (more) Money

Money n’est pas de ces groupes qui se cachent derrière ce sacro-saint quatrième mur de la scène . Les jeunes de Manchester n’ont que faire de cette rigueur: la chanteur ira placer son micro au coeur de la foule. Les Mancuniens qui accompagnent Wild Beasts sur cette tournée ont su s’approprier l’espace et le public. On est comme à la maison, ou presque. On trinque avec les artistes, avec son voisin et on se tait religieusement quand le chanteur reprend ses belles paroles. Car il s’agit bien d’une forme de religion: Money, c’est avant tout du mystère sans son snobisme. Ce sont des concerts dans les églises (Sacred Trinity Church à Manchester, entre autres) ou des usines désaffectées (dont The Bunker) sans le faux mysticisme dans lequel certains groupes tombent jusqu’à leur perte (pensez à feu Wu Lyf…). On échappe rarement à la promesse inspirante, et dangereuse, de Manchester… Mais quand on sait en toucher le coeur même, il ne peut qu’en ressortir une forme de beauté.

Acte manqué, concert sauvé

Après quatre albums d’une texture musicale aussi riche que leur esprit (comprenez intense), dont le dernier est perçu comme l’album « mature », les Anglais de Wild Beasts étaient attendus au tournant. Pas de chance: alors que les premières paroles de Mecca résonnent, le guitariste/claviériste arrête le concert car son piano ne marche pas. Au lieu de rester sur scène et chercher le problème, les Anglais repartent sans mot dire, à petit pas, vers les backstages. Oh après tout, pourquoi chercher à trouver le problème soi-même quand on est sur-assistés par des ingénieurs? Dans le public, certains rient jaune.

La solution trouvée, les Anglais reviennent un peu gênés. Ce n’est que quelques morceaux plus tard, avec Pregnant Pause, qu’ils se laisseront enfin aller: le chanteur se détache du micro pour élever sa voix dans la salle attentive, les lumières se tamisent et l’on sent, enfin, tout le génie de ces têtes pensantes.

Wild Beasts prend alors tout son sens et l’on repart (presque) heureux.

  • Setlist: Mecca/Sweet Spot/The Fun Powder Plot/The Devil’s Crayon/Pregnant Pause/A Simple Beautiful Thing/Daughters/Hooting & Howling/Reach A Bit Further/Palace/Nature Boy/Bed Of Nails/A Dog’s LifeRappel: Wanderlust/All The King’s Men/Lion’s Share/End Come Too Soon
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