Uffie, sex dreams and denim jeans

© PG

Egérie du clubbing fluo des années 2000, l’Américaine installée à Paris sort enfin son premier album.

Comment naît la hype? Comment tombe-t-on dedans? Et surtout, en sort-on toujours intact? Depuis 2006, et un premier single (Pop The Glock) intouchable, Uffie a eu le temps de se poser toutes ces questions. L’Américaine (née Anna-Catherine Hartley, en 1987) est en effet devenue une icône de l’époque, muse fluo livrée aux bidouillages électro de la bande Ed Banger (Justice, Mr Oizo…). Ce n’est pourtant qu’aujourd’hui que sort son premier album. Entre-temps, la donzelle a eu l’occasion de se perdre, mais aussi de faire des émules, avec Ke$ha (le tube Tik Tok) comme principale copie mainstream.

Uffie a 15 ans quand elle rejoint son père parti travailler à Paris. « Je n’avais pas de plan précis. Je voulais juste vivre dans un autre endroit que les Etats-Unis. J’en avais marre de l’hypocrisie de l’American dream. Et puis, New York mis à part, le pays est complètement centré sur lui-même et n’a aucune idée de ce qui se passe au dehors. » Arrivée en France, Uffie trouve une liberté inédite, commence à sortir régulièrement en boîte. L’histoire veut qu’un jour, à l’occasion d’une fête organisée par son père, elle engage Feadz, DJ et producteur signé sur Ed Banger. A partir de là naît une idylle qui amènera le fameux Pop The Glock, titre toujours imparable avec sa production bulle de savon, combiné au rap acidulé de la donzelle. Par la suite, le couple se séparera, mais cela n’empêchera pas Feadz d’être encore partie prenante de Sex Dreams And Denim Jeans.

Bienvenue au club

Entre-temps, Uffie a parfait son personnage de nymphette clubbeuse, de toutes les fêtes, de tous les excès. Devenue aujourd’hui jeune maman, elle relativise. Tout en concédant que le club « est définitivement l’endroit où j’ai passé le plus de temps ces sept dernières années. A partir du moment où vous ne devez pas vous lever à 7h pour aller bosser, pourquoi pas se lever 12 heures plus tard pour sortir? Mais aujourd’hui, je me suis quand même calmée. »

Ce qui lui a permis de terminer un album attendu depuis longtemps. La première à devoir être convaincue de son utilité étant sûrement Uffie elle-même. Sur Our Song, elle chante par exemple: « I never claimed to be an artist/I can’t even sing, you know ». « Je suis plutôt quelqu’un de perfectionniste. Longtemps, j’ai eu l’impression un peu coupable de ne pas avoir fait ce qu’il fallait pour mériter tout ça. »

Par exemple qu’une série de cadors français se penchent sur son destin musical, de Feadz à Mr Oizo (glacial sur Art of Uff) en passant par Mirwais (qui a fait le son de la Madonna du début des années 2000). Le résultat est forcément éclaté. C’est qu’on change entre 15 et 25 ans, les escapades d’hier n’étant plus forcément les envies actuelles d’autres saveurs musicales. Comme sur le presque rock Sex Dreams And Denim Jeans, ou encore la reprise de Hong Kong Garden de Siouxsie & The Banshees. « Cela vient peut-être de mon éducation, mais je ne crois pas que les choses durent jamais très longtemps. Donc quand je m’attaque à un truc, je m’investis à fond avant de passer à autre chose. »

Une manière comme une autre de sortir de la hype par le haut. Et tant pis si cela nuit à la cohérence d’un premier disque entreprenant mais inégal.

Uffie, « Sex Dreams And Denim Jeans », distribué par Ed Banger/Warner.
En concert, au Dour festival, le 17/07.

Laurent Hoebrechts

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