Thomas Fersen, concert d’un fantaisiste

Nous avons rencontré Thomas Fersen, le chanteur fantaisiste, quelques heures avant son spectacle au Centre Marius Staquet de Mouscron. © Margo D'Heygere

Thomas Fersen a conquis vendredi dernier le public mouscronnois face auquel il présentait, dans la salle Raymond Devos du Marius Staquet, un spectacle mêlant textes et chansons. On en a profité pour le rencontrer.

« Je ne pense pas que ce spectacle soit juste une parenthèse, explique Thomas Fersen que nous rencontrons dans sa loge, quelques heures avant le concert qu’il donnait vendredi dernier à Mouscron. C’est vraiment un aboutissement pour moi, le début d’une époque. J’entre dans autre chose avec ce spectacle. Je raconterai toujours, et peut-être que parfois je serai accompagné par des musiciens, mais ça ne sera plus un show traditionnel. Ça sera cette forme de narration que vous allez voir ce soir. » Sur scène, un bref salut et les doigts du chanteur-raconteur commencent à défiler sur son piano, unique compagnon de l’artiste dans ce seul en scène qui vagabonde entre textes et chansons.

Les premières notes résonnent et Le Balafré ouvre le bal des personnages farfelus mais touchant que l’on retrouve dans l’oeuvre de l’« inventeur de l’absurde à la française ». Un lion dans un bar, un parapluie épris d’une chauve-souris, un fossoyeur à l’appétit insatiable, un vendeur de chaussures amoureux et on en passe des plus belles: les contes chantés de Thomas Fersen s’enchaînent et nous réjouissent. Un univers riche que nourrit l’artiste de ses nombreuses lectures. « Je fonctionne comme un chien avec mon nez. Je flaire, je goûte. Un titre parfois m’inspire. C’est mon laboratoire intime. Je vis avec ces auteurs et je suis bien dans cette famille disparate et ouverte. Des gens qui d’ailleurs ne seraient pas très contents de se fréquenter mais qui le font dans mon cerveau. »

Entre deux chansons, le chanteur se lève et nous surprend avec de nouveaux textes déclamés. D’ailleurs, « chanteur » n’est plus exactement le terme adéquat. « Je ne sais pas si je suis vraiment chanteur, finalement. J’ai l’impression que je suis plus fantaisiste. Avec le temps, c’est vers ça que je me dirige. J’aime raconter, j’aime incarner en chantant et en parlant et puis j’aime la fantaisie. » C’est un pourtant un Fersen plus sobre qui est apparu sur les planches du Marius Staquet, vêtu d’un élégant costume noir. « J’ai encore le goût du déguisement mais je l’ai un peu abandonné depuis la robe de Trois petits tours.«  Une robe de princesse, copie d’un costume utilisé par la Comédie française, dans laquelle Thomas Fersen incarnait « une sorte de personnage fantasmagorique un peu turc » dont la barbe aurait pu faire frémir de jalousie une certaine Conchita Wurst. « Là ça me reprend quand même, j’ai revu des documents tournés à l’Ancienne Belgique il y a quelques années et ça collait bien avec les histoires. »

Un personnage clownesque

Thomas Fersen, c’est avant tout un personnage. « Tout est faux chez moi, sourit l’artiste au pseudonyme inspiré d’un joueur de foot et d’un amant de Marie-Antoinette en comparant son personnage à celui de Félix Krull, un garçon de milieu modeste qui échange son identité avec celle d’un aristocrate. « En lisant ça, je me suis dit « ah, ça, c’est pour moi! » Peut-être que ma vocation est née des Confessions du chevalier d’industrie Felix Krull. »

Amoureux de la scène, Fersen s’y voit comme un clown dont le rôle est d’amuser son public quand il en a besoin. « Je pense que l’artiste c’est un être superficiel qui est sur le bord de la société mais qui ne veut pas y entrer complètement. Parfois on m’interroge sur mon engagement, mais est-ce que c’est vraiment la vocation des clowns? » Un rôle d’amuseur parfois difficile à assumer, notamment au lendemain des attentats de Paris, alors que son concert à Orléans est annulé par la préfecture de la ville. « J’étais moi-même extrêmement embarrassé de devoir assumer mon contrat de clown ce jour-là, d’autant que mes chansons prenaient un éclairage inédit. J’avais écrit un texte en préambule au cas où je faisais le spectacle parce que je ne savais pas encore si j’allais le faire. C’était un texte où je parlais justement de cet éclairage, que d’un seul coup j’allais peut-être être grotesque mais que c’était ça le spectacle vivant. »

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Thomas Fersen sera en concert le 23 janvier à 20h à la Maison de la culture de Marche

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