The Twilight Zone

© Noah Dodson

Dinosaur Jr qui ouvre pour Public Enemy et Black Box Revelation qui rafle la mise après les douze coups de minuit. Mardi, à Lokeren, c’était un peu la quatrième dimension.

 » Don’t. Don’t. Don’t. Don’t believe the hype « . Le fameux morceau et slogan de Public Enemy récupéré il y a quelques années par Alex Turner des Arctic Monkeys, les organisateurs des Lokerse Feesten l’ont depuis longtemps adopté. Dans cette petite ville flandrienne de 40.000 habitants, on préfère les vieux de la vieille plus ou moins défraichis que les gamins vaguement trendy piqués aux hormones Myspace/Pitchfork/NME.

En attendant, quand à Tournai, on fait venir Obispo, Pagny, Lavoine et Souchon, à Lokeren on accueille Alice Cooper, Paul Weller et donc Public Enemy… Avec parfois des affiches surréalistes à la belge. Ce mardi, avant la bande à Chuck D, c’est le cousin machin Jay Mascis qui débarque avec Dinosaur Jr. D’accord, c’est fait exprès, mais la voix du mal peigné est quand même sous-mixée à l’excès. Depuis ses débuts au milieu des années 80, le groupe d’Amherst a toujours été tiraillé entre l’envie de séduire avec des mélodies évidentes et celle de nous décrasser les oreilles. Le pied sur la pédale. De maçonner un mur du son avec quelques petites brèches pour le fin filet de voix de l’ami Joseph. Au passage, les mecs du Massachusetts signent une reprise de The Cure (Just like heaven). Solide à défaut de casser des briques.

Avec sa kermesse avoisinante, ses tarifs raisonnables (10 soirs/95 euros), Lokeren, on le répète chaque année, est un festival populaire. Et le peuple (même si nous n’avons repéré qu’un seul black dans l’assistance sur toute la soirée) semble nettement moins intéressé par Dinosaur que par Public Enemy. C’est tendance (surtout quand on n’a pas de nouveau matériel), les pionniers du rap politisé new-yorkais construisent leur set autour de deux vieux albums : Fear of a black planet (1990) et It Takes a nation of millions to hold us back (1988). Les quinquas radotent un peu trop. Manquent de niaque. Et on se demande ce que branlent les deux mecs déguisés en militaires. Mais on est tout de même toujours heureux de voir de vrais musiciens, et pas juste un DJ, sur scène pendant un concert hip hop. Les gars, si vous pouvez passer un coup de fil à Mos Def…. Enfin bref. L’embargo est tombé. Public Enemy sera à l’Ancienne Belgique le 9 novembre et les tickets sont d’ores et déjà disponibles : www.abconcerts.be et au 02/5482424. On sent le souffle de la revanche.

A Lokeren, tu ne vas pas au bar (et on ne crève pas de soif…). C’est le bar qui vient à toi. Le père Borlée se plaint que les gosses n’ont que deux heures de sport par semaine à l’école. On peut vous dire que, même si des gobelets remplacent les bouteilles en verre, les serveurs qui se promènent dans la foule compacte avec des bacs de bières au-dessus de la tête pendant les dix soirs de festival font de l’exercice pour toute l’année.

L’année… de la consécration pour les deux jeunots de Black Box Revelation. Une guitare, une batterie. Il n’en faut pas plus au duo de Dilbeek pour rafler la mise et convaincre des kids qui n’étaient pour la plupart pas nés aux débuts de Dinosaur Jr et de Public Enemy. On a l’âge de ses oreilles.

Julien Broquet

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