The Stranglers, goulot d’étranglement

PUNK | Les survivants punks n’ont plus le génie teigneux des débuts mais l’orgue des barbares fait toujours couiner la basse.

THE STRANGLERS, DVD RATTUS AT THE ROUNDHOUSE ****, CD ACOUSTIC IN BRUGGE **, CD GIANTS ***, DISTRIBUÉ PAR V2.
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Dans les Stranglers d’avant 1990, Hugh Cornwell forme le parfait binôme avec le bassiste Jean-Jacques Burnel. Double teigne frontale entre le karatéka et le diplômé en biochimie. Ce dernier, Cornwell, fil électrique dénudé, a la tronche d’un Clint Eastwood roastbeef qui ne sourit jamais, mais son chant et son écriture dessinent une intéressante cruauté suave. Quand il part en 1990 après 16 ans de vitriol provoc’, il s’embarque dans un parcours solo confidentiel alors que The Stranglers s’avèrent incapables de régénérer leur éruption primale (5 Minutes, histoire d’un viol) ou leurs tubes catchy (Duchess ou Golden Brown). Le DVD Rattus at the Roundhouse, filmé en novembre 2007, célèbre le 30e anniversaire d’un concert donné dans la légendaire salle du nord de Londres, tirant son répertoire des 2 premiers disques, Rattus Norvegicus et No More Heroes, sortis à 5 mois d’intervalle en 1977. Ce doublé jouissif comporte de grandes pointures: No More Heroes, Peaches, Something Better Change, Hanging Around. Les trois membres originels -Burnel, le claviériste Dave Greenfield et le batteur Jet Black, né en 1938…- se sont adjoints depuis 2000 Baz Warne, remplaçant vocal de Cornwell. Les compos fortes du DVD, le jeu de groupe retrouvant le suintant seventies: Baz se fond dans le fantôme de Cornwell et c’est à nouveau 1977 et son miracle biopunk.

Enfant de choeur diabolisé

On est moins enthousiaste vis-à-vis de l’Acoustic in Brugge: repackaging du live unplugged de 2008 (Themeninblackinbrugge) sorti sous un nouveau titre. Cela fonctionne aux chansons marquantes (European Female, Always the Sun, Strange Little Girl) mais les 3 quarts des titres choisis ne le sont pas. Ce qui est un peu la donnée du nouvel album studio, le premier en 6 ans (sortie le 09/03), enregistré par Burnel et ses 3 acolytes: hormis My Fickle Resolve et peut-être Adios, les compos 2012 manquent d’intensité dramatique, un comble pour les Shakespeare new wave. Pourtant, après l’intro guitare du premier titre, très Fleetwood Mac ’68 (…), on retrouve avec plaisir l’orgue baveux de Greenfield, cet enfant de choeur diabolisé par les touches noires et blanches. Dans la transmission du son Stranglers, il joute égal à égal avec la basse éternellement ronflante de Burnel alors que la batterie métronomique de old Jet taille la mesure … Reste que Baz n’a pas récupéré l’acidité vorace de Cornwell, ni le sens corrosif de ses textes. On fera donc avec ou pas, selon son degré d’attachement à l’institution anglaise.

Philippe Cornet

EN CONCERT LE 31/03 À LESSINES ET LE 27/04 AU DEPOT DE LEUVEN.

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