Critique | Musique

The Do – Both Ways Open Jaws

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ROCK | Après le succès de son premier album, The Do confirme, avec Both Ways Open Jaws, son indépendance et son goût pour l’aventure.

C’était il y a trois ans. The Do sortait son premier album, accompagné d’un buzz conséquent. Assez bruyant en tout cas pour intriguer. On s’en rappelle bien: au même moment, Focus se jetait à l’eau, et on était bien content de trouver de tels disques à se mettre dans l’oreille, idéaux pour alimenter le magazine que l’on avait en tête. Une musique originale, parfois exigeante, mais toujours accessible.

A l’oeuvre, un duo franco-finlandais. Olivia Merilahti et Dan Levy se sont rencontrés autour d’une musique de film (L’Empire des loups) et ont rapidement prolongé leur collaboration autour d’autres projets liés au théâtre ou à la danse. Ainsi naît The Do, pour la note de musique et les initiales de leur prénom, la barre dans le « o » étant moins là pour rappeler les origines finlandaises d’Olivia (le « o » barré n’existant manifestement pas dans l’alphabet finnois) que pour déjà indiquer le côté oblique de leur démarche.

Quand l’album A Mouthftul sort, il bénéficie en outre d’un coup de pouce appréciable: une pub pour des cahiers d’écoliers, qui contribuera à faire du morceau On My Shoulders un joli petit tube indé. De quoi idéalement lancer le projet. La chance des vainqueurs…

A partir de là, comment transformer l’essai? Dès les premières notes de Both Ways Open Jaws, la réponse donnée est limpide. Il est clair que The Do a décidé de s’entêter. But de la démarche: rester fidèle à soi-même tout en cherchant de nouveaux terrains d’investigation. C’est l’avantage d’avoir eu un premier succès inattendu: puisque The Do l’a eu sans jamais courir derrière, pourquoi s’en préoccuperait-il davantage aujourd’hui?

Bleu nuit

C’est donc le sentiment de liberté qui compte avant tout ici. On pense par moments à l’aridité des débuts de PJ Harvey (The Wicked & The Blind) ou à une Björk qui aurait encore faim de musique. Ailleurs, le trip devient plus tribal, évoquant par exemple M.I.A. (Slippery Slope), tandis que des chansons comme Too Insistent ou Smash Them All ont tout du tube instantané. Résultat: le menu a beau être copieux (13 chansons en 50 minutes), on n’a pas vraiment le temps de s’ennuyer. Chaque titre proposant son propre labyrinthe dans lequel se perdre, mélangeant guitares, piano, xylophones, programmations, percussions, ou encore des sons de l’extérieur captés entre « Bonnieux et Helsinki »…

Clairement, le bleu nocturne est le ton dominant d’un deuxième album qui se fait plus sombre et violent (Gonna Be Sick!), mais sans passer pour un disque plombé. Dans une interview à Libération, Dan Levy déclarait notamment: « Notre courage a été de faire un disque qui parfois est un peu loin de nous ». Pour autant, The Do évite la posture, voire la pose, qu’on pourrait parfois redouter. Complexe mais pas cérébral, Both Ways Open Jaws déroule ainsi un parfum capiteux. Certes, le fil est ténu mais les deux arrivent à ne jamais glisser. Un joli numéro d’équilibriste.

The Do, Both Ways Open Jaws , distribué par Cinq7/Pias.

En concert (complet) le 7 avril au Botanique, Bruxelles.

Laurent Hoebrechts

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