Serge Coosemans

Sortie de Route: This is the end. On fait les comptes (1/2)

Serge Coosemans Chroniqueur

Sortie de Route s’arrête. Serge Coosemans reste et nous dresse en deux temps le bilan de 4 années de chroniques noctambules. Aujourd’hui, c’est règlements de compte. La semaine prochaine, c’est bisous. Sortie de Route, S04E44.

Ceci est mon avant-dernière Sortie de Route. Après 4 ans de chroniques et deux bouquins qui leur doivent beaucoup, je n’ai plus grand-chose de franchement inattendu à déblatérer sur la nuit, les deejays, la techno, la house, l’aliénation ou l’émancipation qui en découlent et c’est bien pourquoi, en septembre, je compte proposer à Focus quelque-chose d’un peu différent, de pas tellement différent, certains ne verront sans doute même pas de différence. C’est le bon moment pour arrêter: la rubrique a explosé tous ses records d’audience avec ses 3 papiers récents sur le nouveau piétonnier bruxellois (déjà rebaptisé « le klettonnier ») et la politique festive de la Ville de Bruxelles. L’info balancée dans le dernier du lot, qui traînait sur Facebook depuis un bon mois, il faut bien le dire, a même été reprise par la RTBF et servira désormais de référence dans un cours de géographie urbaine à la Faculté d’Architecture de l’ULB. Ça ne change pas grand-chose à mon quotidien mais c’est bien fendard et la mission est en soit accomplie: on m’a demandé de sortir de route, je suis carrément sorti du canevas a priori très orienté de la chronique noctambule, exercice généralement très et trop simplement mondain.

Ici ou ailleurs, j’écrirai sans doute encore sur la politique festive de la Ville de Bruxelles, qui n’en rate de toutes façons pas une pour inviter à la critique, voire même à la fronde. J’aime tenir le rôle du chien dans un jeu de quilles, du troll rieur, et en ce qui concerne Sortie de Route, j’aime surtout l’idée que cette rubrique se termine en prouvant, en quelque sorte, que la culture noctambule a tout à gagner à impacter le quotidien et à percuter les mentalités plutôt que de se barricader dans sa bulle hédoniste. Quand on sort beaucoup la nuit, on ne fait pas que tuer, comme le chantait Green Velvet, des millions de petites cellules de cerveau avec des petites pilules qui vous mènent au Pays La La. On ne fait pas que se confectionner une cirrhose ou chercher à se choper des MST. On emmagasine surtout une expérience et du vécu qui nous font voir différemment le monde mais surtout les problématiques à la mode. C’est bête à dire, cela tient même carrément de l’enfonçage de portes ouvertes, mais la nuit est une excellente école. Du moins je le pense.

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Au moment du bilan final, il est d’ailleurs édifiant de se rendre compte que les gens que j’ai le plus énervé durant ces 4 années de chroniques ne sont pas les organisateurs de soirées ou les DJ’s que j’ai pu critiquer, dont j’ai pu ricaner. Certaines susceptibilités sont certes bien froissées mais cela fait partie du game. On se comprend, on est du même monde, de cette même école. Avec certains « diurnes », c’est différent, ça coince davantage. « Branché » et « fêtard » restent des insultes dans la bouche de certains tristes sires. Il traîne toujours cette idée de type inutile, un peu parasite sur les bords, trop cynique et dépravé pour pleinement participer à quoi que ce soit de réellement convivial, urbain et progressiste. Qu’elle soit validée par exemple par le monde académique ou non, ces gens détiennent souvent une vérité, la leur, et une expertise, la leur aussi, sur des problématiques comme la mixité sociale, l’urbanisme et la politique festive. Et sont très ennuyés quand on débarque avec une vision aussi amusée que tête-de-lard tranchant un poil avec ce qui se dit de façon très tortueuse ou politiquement correcte dans leurs petits réseaux gonflés de parti-pris déguisés en savoir. Pour eux, qu’un noctambule patenté et pire, autodidacte, leur chicane la science, c’est presque comme si un rat de laboratoire se mettait soudainement à donner son avis sur les labyrinthes et les morceaux de gouda.

Ce fut bien entendu très amusant de leur perturber le transit intestinal. Ce sont aussi les seuls ennemis – si on peut appeler « ennemis » des gens avec qui on s’embrouille le temps de quelques lignes dissipées sur les réseaux sociaux – que je me sois fait au cours de l’aventure Sortie de Route. On me demande souvent avec qui, de préférence connu, je me suis embrouillé et de quels bars et boîtes je me suis fait foutre dehors mais cette réputation-là est usurpée: à part Quentin Mossimann (ses fans, surtout), personne. Et à part de Madame Moustache, avec des circonstances très atténuantes, de nulle part. Même mort bourré, je reste un type plutôt civil, discret même, le plus souvent courtois et coulant, sauf avec les taxis. C’est surtout à jeun derrière un écran que je suis ingérable et le plus beau, c’est que je suis payé pour. Pour faire des bisous aussi, comme on le verra la semaine prochaine.

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