Sortie de route #1: Move your ass & feel the beat

Vieux briscard des dancefloors aux coudes lustrés par 25 années de comptoirs divers, Serge Coosemans chronique chaque lundi la nuit de 96 heures qui précède le début de semaine. Cultures noctambules, aventures imbibées, rencontres, déglingues, observations variées, win et lose… Tout est possible. Sortie de Route, track 1.

Acheter un bic et un carnet de notes au centre de Bruxelles. Après 21h30. Un vendredi. Non mais vas-y. Des assiettes avec la Grand-Place gravée dessus. Des magnets pour le frigo, des panoplies de Romelu Lukaku. Des tampons hygiéniques, des crèmes glacées, des hamburgers. Des clopes, de la vodka, des sacs poubelle, y compris les verts. Des Manneken-Pis en tire-bouchons. Des Manneken-Pis en armes de poing, en épouvantails pour champs de blé. Des tee-shirts qui font de vous un agent du FBI, un adorateur d’OVNI, un fumeur de ganja. Un gars avec des seins de femme, des gros. Du whiskey, des bières spéciales, des cartes postales, des sneakers pourris qui ressemblent aux savates de Gaston Lagaffe. Du Coca-Cola à 3 euros la canette, moitié prix si vous faites remarquer que vous n’êtes pas touriste. Je vais à une soirée new-beat dans les Marolles et j’ai besoin d’un carnet et d’un bic. Pour raconter ça le lundi, nouvelle mission. Mémoire déglinguée, alcool amnésique, il faut que je prenne des notes pour ce faire. Si ce n’est qu’à Bruxelles, un vendredi soir, après 21h30 en 2011, tu ne notes pas. T’y penses et puis t’oublies. Faute de trouver un bic et un carnet.

La soirée s’appelle Holger et c’est au Bazaar, rue des Capucins, qu’elle se trame. 25 ans de virées et le Bazaar, quoi? Trois, peut-être quatre fois seulement, de ma vie entière? Manque de vision, de communication, de direction artistique. De curiosité personnelle aussi, peut-être… Dans le genre « petit club », l’endroit est pourtant carrément idéal: 300 pékins grand max, techniquement correct, également équipé pour plaire aux plus grands princes de la soif, à tarif étonnamment honnête. Mais lui reste cette image de nid à Expats, le remugle à Bobos. De temps à autre, surgissent pourtant dans l’agenda des incongruités attirantes, de plaisantes tentatives de ramasse-hype; comme cette nuit Holger donc, qui entend réinstaller dans les oreilles modernes la new-beat de 1987. The Sound of C. L’aciiid lourd et lent à 102 BPM du Boccaccio Life, celui des mixes d’Eric Beysens à La Gaité, quand il portait encore les cheveux longs et des chemises noires à têtes de mort. La bande-son du Mirano à l’époque du « Gros Chinois ». L’Ancienne Belgique d’Anvers, la Chapelle chez les Boulets Sauce Lapin. La new-beat, cette gloire nationale d’un autre siècle, cette musique de vieux cons. Encore que.

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Des vieux, ils ne sont en effet pas des milliers ce vendredi 30 septembre au Bazaar. Outre ma pomme, on distingue pondus des incubateurs des sixties et des seventies deux ou trois freaks sortis du Mordor, un sosie de Morpheus dans Matrix, un mec en kilt, quelques DSK (-T’as baisé Tristane? -Bah, non…) et JD Twitch, moitié du mirifique duo dj écossais Optimo. Ceux-là doivent avoir des souvenirs déjà adultes des fumigènes qui goûtaient la fraise, des sparadraps sur les Doc Martens et des déguisements new-beat vintage qui vous faisaient ressembler au fils du Mime Marceau et de Beetlejuice. A part ces dinosaures, tous les autres zigues et ziguettes présents ont moins de 35 ans et sont plutôt flamands, tout comme l’organisateur. Plus fendard que nostalgique, le contingent dancefloor est principalement là pour le gros beat; peu importe qu’il soit historique, vendu, new, old, ringard, néo-hype. Derrière ses platines, le gros Twitch, sosie parfait de l’acteur John C. Reilly, ne la ramène d’ailleurs pas trop avec des pistes obscures pour fins connaisseurs et autres revenants du zomer van liefde 88. Il mouline plutôt du niou-tube. Rock To The Beat, Acid in The House, Acid Rock, Lords of Acid, ce genre… Carré, efficace, diablement bien mixé, comme toujours chez Optimo. Des suites d’enchaînements pas évidents et sur vinyles encore bien, à l’ancienne, avec les doigts et pas Traktor. C’est marrant, plaisant, quelques gays hystérisent même quand cartonnent des slogans connus (This is Belgium, New-beat people here it is what do you think about a song like this?) mais il n’y a définitivement pas assez de monde pour que cela décolle vraiment vers les hautes sphères du revival balléarique du Nord. En fait, c’est l’ambiance d’une boum, avec de l’electro d’il y a 25 ans en guise de Dalida et de Clo-Clo. Bon enfant. On aurait aimé plus méchant et c’est pourquoi douze bières, deux Vodka Tonic et quelques vidanges de prostate à 50 cents l’éclaboussure de faïence plus tard, la lassitude d’entendre des disques classés à la maison l’emporte et nous disparaissons dans une nuit très très calme. Normal, les gens se gardent pour le lendemain, la Nuit Blanche, ce fameux lâcher annuel de veaux marins dans les rues de la night bruxelloise. Pas pousser. Samedi, c’est touche-pipi, comme disait l’autre, là, avant…

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Serge Coosemans

Des liens

LE BAZAAR: www.bazaarresto.be

OPTIMO: www.optimo.co.uk (ne ratez pas les podcasts)

HOLGER: www.facebook.com/pages/Holger/144256632335798

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